L'air d'un nouveau scandale de dopage impliquant la marathonienne française Clémence Calvin risque de peser sur l'avenir de sa carrière. Suite à un refus de se faire contrôler, lors d'un stage au Maroc, elle a été suspendue momentanément par la Fédération française d'athlétisme. Cette dernière a également interdit le site d'Ifrane à ses sportifs. Ifrance et l'athlétisme, une histoire d'amour qui risque la sortie de piste. La Fédération française d'athlétisme (FFA) a confirmé ce mercredi, à travers son président André Giraud, n'autoriser désormais les stages d'entraînement que dans des lieux qu'elle aura définis. Le stade athlétique d'Ifrane n'en fera pas partie, mais il sera même interdit car suspecté de permettre aux sportifs d'esquiver les contrôles de dopage. La veille, la FFA a annulé un stage fédéral qui était prévu là-bas ce mois d'avril. Dans une interview accordée aujourd'hui au journal Le Monde, André Giraud explique que cette décision a été prise après le refus de la marathonienne Clémence Calvin de subir un test antidopage, lors de son stage d'entrainement, le 27 mars dernier au Maroc. «Il y avait des tolérances accordées par des entraîneurs, par la direction technique nationale, pour que les athlètes puissent choisir les lieux de stage. Il y a des lieux où l'on va interdire aux athlètes de faire des stages. Aujourd'hui, Ifrane en fait partie», a tranché Giraud. Autre mesure annoncée, «le directeur technique national et son équipe vont sélectionner des lieux et n'autoriseront les stages, même individuels, que dans ces lieux définis par la Direction technique nationale». Au cas où un athlète fait un stage en dehors de ces circuits labellisés, Giraud explique que le stage «ne sera pas financé par la Fédération» mais par le sportif lui-même. «Je pense qu'à partir de là, ils vont réfléchir avant de partir», affirme-t-il. Un stade athlétique où les sportifs échapperaient au contrôle Si ces décisions semblent strictes vis-à-vis des athlètes, c'est parce que Clémence Calvin n'est pas suspectée pour la première fois de recourir à des produits dopants, mais sans jamais en avoir eu la preuve formelle. Dernier fait en date, le 5 avril dernier, Le Monde a révélé que Samir Dahmani, coureur et compagnon de l'athlète, a eu une altercation physique avec un contrôleur mandaté par l'Agence française de lutte contre le dopage. Le préleveur était venu vers eux en leur notifiant qu'ils allaient subir des examens lors de leur entrainement à Marrakech, mais Calvin a réussi à prendre la fuite. Poursuivie par l'autre contrôleuse qui lui a notifié les pénalités encourues, elle a refusé de céder au contrôle, que le couple n'aura finalement pas effectué. S'ils ont été s'entrainer dans la ville ocre cette-fois, c'est surtout à Ifrane qu'ils avaient leurs habitudes. Ce changement en lui-même a-t-il constitué une tentative d'échapper au contrôle ? «Le matin même, un rapport de «no show» a été fait à l'endroit de Clémence Calvin, qui ne se trouvait pas à l'adresse indiquée sur la plate-forme de localisation Adams, conçue pour programmer des contrôles inopinés», indique Le Monde. Depuis ce mercredi en tout cas, Ifrane est décrite par le média comme étant une «inaccessible plaque tournante du dopage dans l'athlétisme», très fréquentée par les athlètes français de haut-niveau, y compris ceux ayant fait partie de la génération touchée par de nombreux contrôles positifs, à l'image de Fouad Chouki, Hind Dehiba ou encore Bouchra Ghezielle. Selon l'enquête du journal Le Monde, l'AFLD considère Ifrane, depuis 2018 au moins, comme «une petite zone de non-droit qui inquiète beaucoup». «Alors que le centre d'entraînement d'altitude de Font-Romeu, dans les Pyrénées-Orientales, fait l'objet d'une surveillance et de contrôles réguliers, Ifrane est devenue un lieu de repli», permettant notamment aux sportifs français d'esquiver les examens surprise. «Dès qu'un athlète se signale à Ifrane sur la plate-forme de localisation Adams, cela déclenche une alerte rouge chez l'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU), entité indépendante qui assure le programme antidopage de l'IAAF.» Le Monde L'affaire Calvin ne fait pas encore réagir au Maroc Les inquiétudes des responsables d'athlétisme concernant Ifrane n'excluent ni les sportifs locaux, ni leurs homologues d'autres pays. Dans ce sens, Le Monde rappelle le cas d'un entraîneur belge, il y a quelques années, qui a accompagné son athlète. Dans l'appartement loué près du centre athlétique, il a découvert «un frigo rempli de produits dopants» et a prévenu l'IAAF. «L'Agence mondiale antidopage avait immédiatement alerté les autorités marocaines, mais la police avait mis quatre jours à se rendre dans l'appartement, vidé dans l'intervalle de ces éléments embarrassants.» Le Monde Brett Clothier, directeur de l'AIU, confie à la même source que «la volonté des autorités marocaines de lutter contre le problème est réelle», mais qu'«elles ont besoin de [l'aide de l'AIU]». Pour commenter l'ensemble de ces questions liées à la gestion des entraînements à Ifrane, ainsi que les alertes de l'IAAF et la décision d'interdiction de la FFA à ses sportifs, Yabiladi a tenté de joindre le ministre marocain de la Jeunesse et des sports, Rachid Talbi Alami, et le ministère, mais nos sollicitations sont restées sans suite.