Dans ce documentaire de 20 minutes, Yabiladi lève le voile sur un autre visage de l'institution de l'orphelinat au Maroc. D'anciens pensionnaires de la maison musulmane de l'enfance à Aïn Chock, détruite en 2006, témoignent ici de leur vécu, dans un centre qui a façonné leur personnalité et a eu un grand rôle dans leur éducation. Il arrive à plusieurs personnes de se retrouver sans abri à un bas âge, condamnées ainsi à vivre dans la misère de la rue. Ce phénomène se propage particulièrement dans les grands pôles urbains. Il se nourrit d'injustice, d'exclusion et stigmatise les victimes qui n'ont pourtant pas choisi la situation dans laquelle ils vivent. Leur présence devient même «gênante» au regard de certains. Par conséquent, ces personnes ne bénéficient ni de protection, ni de sécurité, encore moins d'opportunités professionnelles pour se lancer dans des projets de vie. Dès lors, le quotidien d'un individu en situation de rue se limite à une chose : s'assurer de quoi manger au jour le jour et trouver un abri à la nuit tombée. Si beaucoup vivent une telle situation, certains ont pu trouver un appui et se construire une vie, laissant derrière eux ce passé douloureux qui les a éloignés des familles au milieu desquelles ils étaient censés grandir. C'est le cas d'anciens pensionnaires de l'orphelinat musulman d'Aïn Chock à Casablanca. Ils racontent avoir retrouvé là-bas la chaleur humaine et la tendresse maternelle qu'ils cherchaient, ce qui les a aidés à façonner une forte personnalité et à devenir des personnes émancipées. Mais le lieu, qui a tenu pendant près de 90 ans, a été détruit du jour au lendemain, le 7 mars 2006 sur ordre des autorités locales de Casablanca. La mesure a été contestée par les pensionnaires, ainsi que par les anciens bénéficiaires qui ont fait tout leur possible pour que les autorités reviennent sur leur décision. Finalement, leurs efforts auront été vains et le bâtiment qui s'étendait sur six hectares a été démoli. Retournement du stigmate Dans ce documentaire produit par Yabiladi, ceux qui ont grandi dans ce centre, l'un des plus anciens orphelinats au Maroc, cassent les idées reçues les plus répandues sur «les enfants d'orphelinat» au sein de la société. Pour que leur passé au sein de cet établissement ne s'efface pas, ils tiennent encore aujourd'hui à se retrouver régulièrement et évoquer le sujet de manière passionnée. Chacun d'eux a une histoire particulière, faite de conditions toutes aussi différentes les unes des autres les ayant menés à ce centre. Certains se sont retrouvés sans logement et ont dû trouver un endroit pour se protéger de la chaleur estivale et du froid hivernal, après avoir perdu leurs parents. D'autres encore ont fui les problèmes familiaux pour frapper à la porte de l'institution, tandis que des enfants s'y sont adressés vu leur situation d'extrême pauvreté. 1151 établissements de protection sociale au Maroc Après avoir intégré l'établissement, leurs idées préconçues se sont rapidement déconstruites. Contrairement à ce qu'ils pensaient, ils ont trouvé là-bas une véritable famille, considérant les autres pensionnaires comme les leurs. Aujourd'hui, cet esprit de fraternité qui les unit n'a pas pris une ride, bien que chacun ait suivi une trajectoire de vie différente. La fierté se ressent et se voit jusqu'à leurs regards, à travers lesquels ils disent à la société : «Oui, nous sommes des enfants de l'orphelinat et il n'y a pas de mal à cela.» De nos jours, le rôle des orphelinats reste important au sein d'une société encore fragile. Selon les dernières statistiques de 2017, il existe 1151 établissements de protection sociale au Maroc. Selon leur champ d'action, chacun prend en charge des enfants orphelins ou abandonnés, des démunis, des femmes, des personnes âgées, des sans-abris en situation de handicap ou d'autres encore en situation difficile. La capacité totale de ces établissements atteint près de 104 000 places, mais ils prennent en charge plus de 130 000 personnes.