«Parmi les 149 personnes squattant les lieux, 65 seulement y habitent de façon permanente. Ces gens-là sont dans leur majorité mariés. Ils ont leurs propres foyers et reviennent de temps à autre rendre visite à leurs amis». C'est la suite d'un feuilleton qui dure depuis onze années environ. 149 pensionnaires de l'orphelinat d'Aïn Chock ont été forcés dans la matinée du lundi à quitter ce lieu qu'ils squattaient illégalement. Après des négociations musclées, la wilaya du Grand Casablanca est enfin arrivée à un compromis. Les concernés ont été évacués et indemnisés. C'est alors la question de l'avenir du terrain sur lequel cette bâtisse historique a longtemps tenu qui se pose. «Le problème des pensionnaires du complexe de Aïn Chock ne se pose plus», rassure dans une déclaration à ALM une source officielle au sein de la wilaya de Casablanca tout en précisant qu'il n'y a plus lieu d'orphelinat. La solution à cette crise a été concoctée parallèlement à l'exécution du jugement d'évacuation et de démolition. Cette dernière décision, exprimée par arrêté du maire de Casablanca, avait suscité beaucoup de réactions. Certaines voix ont dénoncé une spéculation immobilière à laquelle ce terrain serait sujet. Sur ce point, la wilaya rassure : «Nous avons les plans d'aménagement de cette partie de la ville. Nous pouvons vous confirmer que ce site qu'occupe l'orphelinat sera dédié à la réalisation d'un complexe social». Ce centre social sera, lui aussi, confié à l'association Nour qui gère jusque-là trois établissements à Casablanca : La maison des enfants à Aïn Chock, la maison des filles sise Bd Moulay Idriss 1er et la Maison des personnes âgées. Dans la nuit du lundi, une réunion tardive a été tenue pour minimiser les conséquences de cette approche. «Nous sommes restés sur les lieux jusqu'à minuit passée. Avec l'Entraide sociale et différents intervenants, nous avons abouti à la constitution d'une commission d'accompagnement des concernés par le jugement d'évacuation». Au moment où nous mettions sous presse, les pensionnaires ont tous reçu des indemnités pour logement allant de 9000 à 30.000 DH. Ces sommes varient selon si la personne est résidente à l'orphelinat ou non. «Parmi les 149 personnes squattant les lieux, 65 seulement y habitent de façon permanente. Ces gens-là sont dans leur majorité mariés. Ils ont leurs propres foyers et reviennent de temps à autre rendre visite à leurs amis», précise la même source. Pour ce qui est des pensionnaires sans alternatives, ils ont été transférés vers le centre de Tit Mellil en attendant de trouver un loyer. Il est à noter par ailleurs que les pensionnaires de «Aïn Chock» sont tous adultes. Les enfants ont été transférés en 2009 à l'orphelinat de Hay Hassani. Si l'on se base sur les déclarations des services de la wilaya, ceux qui vivaient dans ce bâtiment sont âgés entre 18 et plus de 40 ans. L'intervention des forces de l'ordre a eu lieu en application à un jugement d'évacuation d'urgence, prononcé il y a environ un mois. Mais les racines de la crise sont beaucoup plus vieilles. C'est en 2008 que l'association chargée de la gestion de ce centre de protection sociale a effectué un recours en justice, réclamant une évacuation des lieux pour des motifs sécuritaires. Cette habitation a été, en effet, jugée menaçant ruine en 2014 par les services spécialisés de la commune de Casablanca.