C'est une défaite inédite de Monsanto devant la justice américaine. Racheté l'an dernier par le géant allemand Bayer, le producteur de Roundup a été condamné par le tribunal fédéral de San Francisco, mercredi 27 mars, à verser 80,8 millions de dollars à Edwin Hardeman. En effet, le jardinier septuagénaire a utilisé cet herbicide mondialement distribué et à base de glyphosate pendant trente ans. En 2015, il a contracté un lymphome non hodgkinien. Le 19 mars dernier dans le cadre de cette affaire, Roundup et ses variantes ont été reconnus pour avoir favorisé le cancer d'Edwin Hardeman, mettant en cause le glyphosate, composante fortement utilisée dans le Roundup, et permettant ainsi d'engager cette deuxième phase de procès, consacrée à la responsabilité de Monsanto. Au regard de ce que savait la société, le jury a estimé que cette dernière «aurait dû avertir ses clients du risque de cancer présenté par son produit», explique Le Monde. «Le cas particulier de M. Hardeman devrait servir de référence à quelque 700 plaintes analogues regroupées dans la même juridiction», ajoute la même source, en référence à la condamnation de Bayer, en août 2018, à verser 289 millions de dollars à un autre jardinier victime du même cancer, après une utilisation régulière de Roundup. Depuis, la société Bayer s'est pourvue en appel, ce qu'elle envisage de faire également suite à ce nouveau verdict. En France, le tribunal administratif de Lyon a annulé l'autorisation de mise sur le marché du Roundup 360, par précaution. Roundup est un herbicide vendu au Maroc également où il reste très accessible et peu couteux, y compris pour des utilisations autres que celles à laquelle il est destiné. En effet, il se vend dans les magasins spécialisés comme dans les petits commerces, ce à quoi la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA) dit avoir averti à plusieurs reprises, préconisant l'interdiction pure et simple de la vente et de l'usage du produit qui, selon le syndicat, a favorisé des cancers chez plusieurs agriculteurs au Maroc.