La belle envolée des exportations agroalimentaires marocaines qui ont presque doublé entre 2010 et 2019, en se hissant à près de 60 milliards de DH, risque d'être enrayée par un péril réglementaire et sanitaire. L'Union européenne qui absorbe les deux tiers de nos exportations agricoles risque de basculer rapidement vers l'interdiction totale de l'usage du glyphosate comme produit phytosanitaire alors qu'un premier pays européen, en l'occurrence le Luxembourg, vient cette semaine de franchir le rubicond. Selon les observateurs, cela ne manquera pas de faire tâche d'huile sur les autres pays membres, à commencer par la France qui a annoncé, quelques semaines auparavant, le retrait de 36 produits phytosanitaires à base de glyphosate. Quelles conséquences sur le Maroc ? Le royaume continue de tolérer et ce, au mépris de la santé des citoyens, l'usage d'herbicides ayant pour principe actif le glyphosate (à l'exception des mélanges en association avec le Co-formulant la POE-Tallowamine). Leur utilisation est même assez répandue, notamment sous la marque Roundup de la firme américaine Monsanto, qui avait été la première à développer en 1974 ce puissant produit, aujourd'hui largement décrié à l'échelle mondiale pour ses risques cancérigènes pour l'humain, avant que d'autres producteurs ne s'y mettent aussi au lendemain de la tombée du brevet en question dans le domaine public (soit depuis 2000). Aussi, si d'autres pays européens venaient à emboîter rapidement le pas au pays hôte de la Banque européenne d'Investissement, les produits marocains toujours traités à base de Glyphosate seront tout simplement interdits de commercialisation sur bon nombre de leurs marchés européens naturels. Pour l'instant, il est difficile d'estimer les conséquences directes pour le commerce extérieur marocain, mais au regard de sa large utilisation dans des cultures diverses, l'enjeu est loin d'être négligeable.