«Women, Business and Law : A decade of reform» de la Banque mondiale fait le bilan de dix ans d'évolution des entreprises à travers le monde, en rapport avec les inégalités hommes-femmes. Sur 187 pays, le Maroc occupe la 114e place, faisant partie de la région qui connaît le moins progrès. Publié récemment par la Banque mondiale, le rapport «Women, Business and Law : A decade of reform» (Femmes, entreprise et droit : une décennie de réforme) s'intéresse à l'environnement de l'emploi et de l'entreprise, ainsi que son impact sur les femmes en matière de discrimination juridique à travers les monde. Sur dix ans, certains des 187 pays ont enregistré de grandes avancées, tandis que d'autres ont peu évolué. C'est le constat par exemple pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), qui enregistre la plus faible augmentation de la note moyenne (2,86 points en dix ans) parmi les régions, «ce qui a creusé davantage l'écart juridique entre les hommes et les femmes de MENA et ceux du reste du monde». Le Maroc est le mieux classé de la région MENA Le score global de la région MENA, dont le Maroc fait partie, est de 47,37 points, ce qui signifie pour la Banque mondiale que «l'économie de cette région accorde aux femmes moins de la moitié des droits reconnus légalement pour les hommes». Selon le rapport, en région MENA, «l'économie ne donne pas aux femmes l'égalité des chances dans environ 17 des 35 points de données examinées». Avec un score régional moyen de 69,63, les économies de l'Afrique subsaharienne se portent mieux en matière d'égalité. L'Asie du Sud, elle, enregistre une moyenne de 58,36. Le document indique que les économies membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à revenu élevé obtiennent les meilleurs résultats, avec un score moyen de 93,54 points, suivies de l'Europe et de l'Asie centrale (84,70), de l'Amérique latine et Caraïbes (79,09), puis de l'Asie de l'Est et du Pacifique (70,73). Avec un score de 73,13, le Maroc est classé 114ème sur 187 pays et régions. Son score est égal à trois autres pays, à savoir le Burundi, la Russie et l'Ouganda. Dans la région, le royaume reste en tête du classement, devançant la Tunisie qui a un score global de 58,75 points, l'Algérie (57,50), la Libye (56,25) et la Mauritanie (41,88). Le score du Maroc est également proche de la moyenne globale mondiale qui est de 74,71 points et qui signifie, pour la Banque mondiale, que l'économie «ne donne aux femmes que les trois quarts des droits légaux des hommes» à travers le monde. D'autres pays affichent des performances arrivant à 100 En dix ans, des progrès ont été observés davantage en France, qui a enregistré «la plus forte amélioration parmi les pays ayant fait des progrès», passant d'un score de 91,88 points en 2009 à 100 aujourd'hui. Parmi ces avancées, la Banque mondiale rappelle «l'application d'une loi sur la violence domestique», «les poursuites pénales pour harcèlement sexuel sur le lieu de travail» ou encore «l'instauration d'un congé parental payé». L'Hexagone fait ainsi partie des six économies (Belgique, Danemark, France, Lettonie, Luxembourg et Suède) qui ont un score de 100 points. Par ailleurs, «parmi les 39 économies qui obtiennent un score supérieur ou égal à 90 points, 26 sont des pays à revenu élevé de l'OCDE, huit d'Europe et d'Asie centrale, deux d'Amérique latine et des Caraïbes (Paraguay et Pérou), trois d'Asie de l'Est et du Pacifique (Taiwan, Chine), un au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Malte) et un autre en Afrique subsaharienne (Maurice)», indique le rapport. Kristalina Georgieva, présidente par intérim du Groupe de la Banque mondiale, souligne en ouverture de ce document que dans 131 économies, 274 réformes de la législation et de la réglementation ont contribué à renforcer l'égalité des sexes. «Cela comprend les 35 économies qui ont mis en œuvre des lois sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, protégeant près de deux milliards de femmes de plus qu'il y a dix ans», souligne-t-elle. Toutefois, elle rappelle que d'autres loi «continuent d'empêcher les femmes d'intégrer le marché du travail ou de créer une entreprise». Ces données sont publiées au moment où le Haut-commissariat au plan (HCP) a rendu public des chiffres sur la présence des femmes dans l'activité salariale. Au Maroc, le taux de féminisation des salariés déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) s'est ainsi établi à 31%, entre 2000 et 2018. Selon la même source, le nombre de femmes salariées déclarées est passé de 184 623 en 1990 à 1 109 737 en 2018, avec un taux d'évolution annuel moyen de 6,6%. Pour la rémunération, le salaire mensuel moyen déclaré pour les hommes (5 422 DH) reste supérieur à celui des femmes (4 692 DH) en 2018, avec une croissance moyenne des salaires perçus par les femmes. Quant aux allocations familiales, la note du HCP a indiqué que 13% des allocataires sont des femmes, notant que lorsque le mari et la femme sont tous deux assurés et susceptibles de bénéficier des allocations familiales, celles-ci sont versées exclusivement au mari. Le HCP rappelle les trois cas où le droit aux allocations familiales est transféré à la femme, à savoir un divorce où la femme s'occupe de la garde des enfants, l'inactivité de l'époux et la non-ouverture du droit à ces allocations à l'époux au titre d'un régime sécurité sociale obligatoire.