Partis supporter leurs idoles en tenue rouge, les fans du Wydad Casablancais (WAC) n'ont pas eu le temps de comprendre ce qui leur arrivait à la fin du match. A la sortie du stade de Radés où le WAC et l'Espérance de Tunis se sont disputés, ce 12 novembre, la finale retour de la Ligue des champions d'Afrique de football, les supporters de l'équipe Casaouie ont été agressés par la police tunisienne à coup de matraque et de gaz lacrymogène. L'incident n'est pas une première. D'autres agressions «footballistiques» ont marqué plusieurs matchs en Afrique du nord, spécialement lorsqu'ils impliquent des clubs locaux. Que ce soit sur le sol tunisien, algérien, égyptien, ou encore soudanais, les incidents à la sortie des stades sont légion. Supporters entre eux, supporters et police, ou même supporters contre joueurs, les configurations varient, mais le scandale reste entier. La sécurité des supporters étrangers venus applaudir (ou pleurer) leur équipe incombant au pays d'accueil, il est légitime de se demander le pourquoi de tels dépassements. Crise Egypte-Algérie Nous nous rappelons de la crise diplomatique qui a failli ternir à jamais les rapports entre l'Egypte et l'Algérie en 2009. La cause ? Le foot. Mais les conséquences ont largement dépassé la frontière du sport. A son arrivée au Caire pour le match aller (du 14 novembre 2009) pour les qualifications pour la coupe du monde de football de 2010, le bus transportant les joueurs de l'équipe nationale algérienne a été copieusement caillassé par des jeunes égyptiens, ainsi que quelques supporters des Fennecs (l'équipe algérienne). Bilan : Trois joueurs blessés et des supporters blessés. L'après-match n'a pas été exempt de violences entre supporters des Fennecs et ceux des Pharaons. En riposte, en Algérie, des entreprises égyptiennes ont été saccagées, voire incendiées dès le lendemain. Quelques jours plus tard, le match retour tenu à Khartoum, capitale du soudan, la riposte des supporters algériens ne s'est pas faite attendre. Le 19 novembre après le match, les bus des supporters égyptiens ont été la cible de jets de pierres faisant au moins trois blessés d'après les témoins égyptiens. Les relations entre l'Algérie et l'Egypte en ont été altérées, manifestations et violences devant l'ambassade d'Algérie en Egypte, ambassadeurs convoqués et déclarations officielles. Bousculades et protestations Le 3 octobre 2010, c'est au tour des supporters de l'Esperance de Tunis de s'en prendre à ceux d'Al Ahly Football Club (Egypte), lors de la demi-finale de la champions league d'Afrique. Les affrontements ont fait plusieurs blessés chez les supporters, et onze du côté des policiers. Quelques mois plus tard, c'est au tour de l'équipe tunisienne le Club Africain de subir les hostilités des supporters égyptiens. Les fans de Zamalek avaient envahi le terrain, en avril 2011 suite à l'annulation d'un but pour hors-jeu. L'arbitre Mohamed Benouza, algérien, n'a pas échappé à la colère du public cairote non plus. Les forces de l'ordre étaient, fort heureusement, rapidement intervenues. Fort d'une première expérience en 2009, le gouvernement égyptien a vite fait de présenter ses excuses à la Tunisie et l'Algérie pour ce dérapage, neutralisant toute éventuelle nouvelle crise. Un mois auparavant, fin mars dernier, une bousculade lors de la vente de billets pour la rencontre Maroc-Algérie a fait près de 50 blessés au stade du 19 Mai 56 à Annaba. Les violences à la fin des matchs ou encore lors des bousculades devant les billetteries sont monnaie courante en Afrique du Nord. Le Maroc n'y est pas étranger, certes, lorsqu'il s'agit de matchs maroco-marocains. Mais à ce jour, aucun incident majeur n'a été signalé lors de la réception d'un club étranger ou d'une équipe nationale adverse, même lorsque le Maroc reçoit l'équipe algérienne. A quoi sont dus ces débordements ? Une mauvaise gestion de la sécurité dans les stades ? Des supporters, peut être même parmi les policiers, plus déchainés qu'il n'en faudrait ? Ce qui est sûr, c'est qu'à ce niveau, des efforts doivent être fournis dans l'immédiat afin d'éviter le pire. En attendant, les autorités marocaines, notamment le ministre de la jeunesse et des sports, Moncef Belkhayat, ainsi que l'ambassadeur du Maroc en Tunisie, ont mis la pression à la Tunisie qui promet l'ouverture immédiate d'une enquête afin de mettre la lumière sur les circonstances de l'agression des supporters Wydadis à Radés. Dégâts collatéraux Le vol AT 537 de la Royale Air Maroc (RAM) a été retardé pendant près de 3h à l'aéroport TunisCarthage. En effet, le 13 novembre, onze des passagers de ce vol étaient venus voir le match Wydad face à l'Espérance de Tunis, mais ils ont tous été interpellés par la police tunisienne à leur arrivée à l'aéroport pour les fins de l'enquête menée pour définir les circonstances de l'agression policière sur les supporters wydadis.