Faisant suite aux menaces de saisir à nouveau la Cour de justice de l'Union européenne pour annuler l'accord agricole entre le Maroc et l'UE approuvé cette semaine par le Parlement européen, le Front Polisario vient d'adresser une lettre à la présidence dominicaine du Conseil de sécurité. Plusieurs jours après son approbation par le Parlement européen, l'accord d'Association entre le Maroc et l'Union européenne continue d'être au cœur de la nouvelle offensive du Front Poliario. Ce weekend, le mouvement de Brahim Ghali a saisi, dans une lettre adressée par son représentant aux Nations unies, Sidi Mohamed Amar, le Conseil de sécurité de l'ONU. La lettre, citée par l'agence de presse du Polisario et ses relais médiatiques, a été adressée à l'ambassadeur permanent de la République dominicaine qui préside, depuis le 1er janvier, le Conseil de sécurité. Le Maroc et l'UE pointés du doigt Dans sa correspondance, le mouvement séparatiste a «alerté les membres du Conseil de sécurité sur la grave menace que représentent les tentatives de l'Union européenne d'inclure les territoires sahraouis occupés dans ses accords commerciaux avec le Maroc». Le Polisario fustige des «conséquences de ces tentatives risquant de compromettre les perspectives d'un règlement pacifique du conflit au Sahara occidental dans le cadre des efforts sérieux déployés actuellement par le Conseil de sécurité et l'Envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU». «L'approbation de cet accord aura des conséquences négatives sur le processus politique mené sous l'égide de l'ONU puisqu'elle encouragera le Maroc à consolider son occupation illégale de parties du Sahara occidental», poursuit le Front Polisario qui demande au Conseil de sécurité de s'adresser à l'Union européenne. Les dirigeants du front ne manquent pas de rappeler leur position quant à cet accord, rappelant avoir «demandé aux puissances européennes de revoir la récente approbation et d'arrêter immédiatement tout accord commercial incluant le Sahara occidental». La lettre envoyée par le Polisario au conseil de sécurité intervient au lendemain d'un communiqué du secrétariat général du front, annonçant que le mouvement compte saisir la justice européenne. «La bataille se fera entre les organes législatifs et exécutif en Europe», a-t-il rappelé, dénonçant des «contradictions entre les décisions de la Cour de justice de l'Union européenne et les décisions de cette dernière». Tentative d'inverser la tendance au Conseil de sécurité ? Mais le Front tente, par le biais de son représentant à New York, de faire revenir le dossier du Sahara occidental devant les instances onusiennes, alors même que la République dominicaine qui préside le conseil des Quinze, ne reconnait plus la «RASD». Ainsi, c'est le 23 mai 2002 que ce pays des Grandes Antilles avait retiré une reconnaissance qui durait depuis juin 1986. D'ailleurs, l'année 2018 a été marquée par une consolidation des relations diplomatiques entre Rabat et Saint-Domingue. En visite officielle au Maroc en juillet dernier, Miguel Vargas Maldonado, ministre des Relations extérieures de la République dominicaine avait estimé que le plan d'autonomie marocain est une «solution qui doit être considérée comme une proposition viable pour garantir la stabilité dans la région et parvenir à une solution réaliste à ce différend». De plus, aucun des pays qui présideront, en ce début d'année, le Conseil de sécurité, à l'instar de la Guinée équatoriale (février), la France, l'Allemagne, l'Indonésie, Kowaït, le Pérou et la Pologne (août) ne reconnait la «RASD». Le mouvement de Brahim Ghali ne pourra compter que sur l'Afrique du Sud. Le pays de Cyril Ramaphosa vient, en effet, de rejoindre le Conseil de sécurité cette année en tant que membre non permanent.