Après des mois de silence, le Polisario revient sur le dossier d'El Guerguerate par un message adressé au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Il s'agit de doléances de la part de Brahim Ghali, élu de la RASD, qui se plaint de la présence du Maroc sur la zone tampon. Pourtant, le Front Polisario affirmait avoir enregistré une «victoire» sur cette question. Quelques heures avant l'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2351 sur la situation du Sahara, le 28 avril dernier, le Polisario avait cédé à la pression internationale et retiré ses milices d'El Guerguerate. Depuis, la tension a nettement baissé. L'activité commerciale a repris. Le ballet des camions du Maroc en direction de la Mauritanie, du Sénégal et même du Mali s'effectue aujourd'hui sans le moindre incident. Six mois après ce retour au calme, la direction du Front Polisario tente une nouvelle manœuvre. Dans une énième lettre adressée au secrétaire général des Nations unies, Brahim Ghali affirme que son mouvement «ne peut accepter et n'acceptera jamais (…) la présence du Maroc dans la zone tampon», indique l'agence SPS. Cette présence constitue, selon Ghali, «une violation directe du cessez-le-feu et une modification illégitime et unilatérale de l'ordre qui prévaut sur le terrain». Par conséquent, il demande à Antonio Guterres une «solution urgente à la situation», sans en préciser les contours. Un aveu d'échec Le message étonne. C'est un sérieux démenti apporté par Brahim Ghali à la version de «victoire» que lui-même et ses cadres avaient pourtant annoncée au lendemain du vote de la résolution 2351 en Conseil de sécurité. Désormais, le mouvement indépendantiste revient à une constante de sa politique : celle du discours de la victimisation. La missive de doléances s'inscrit dans un contexte particulier pour le Polisario. Et pour cause, les quinze membres du Conseil de sécurité n'ont programmé aucune réunion sur le Sahara occidental en ce mois de décembre. La lettre serait plutôt un appel de pied aux Etats soutenant ses positions de soulever la présence marocaine sur le corridor, sachant que depuis le 29 avril, El Guerguerate a disparu des radars de l'actualité. La Bolivie ou l'Uruguay (dont le mandat prend fin le 31 décembre) pourraient appeler à une réunion urgente, consacrée à l'examen de cette question au sein du Conseil de sécurité. L'envoi de messages au secrétaire général de l'ONU est une composante essentielle de la politique du Polisario. Cela fut le cas sous Mohamed Adelaziz, avant que Brahim Ghali ne perpétue aujourd'hui les usages.