Des députés espagnols demandent au gouvernement Rajoy de reconnaître la «RASD» et de négocier directement avec le Polisario des accords d'exploitation des ressources naturelles du Sahara. Huit députés espagnols, tous issus de partis de l'opposition et appartenant au «groupe d'amitié avec le peuple du Sahara occidental», ont passé quelques jours dans les camps de Tindouf. La délégation a été accueillie par tous les dirigeants du Polisario, notamment Brahim Ghali. De retour à Madrid, ils ont appelé hier le gouvernement Rajoy à négocier directement avec le Polisario l'exploitation des ressources naturelles de la province, rapporte l'agence Europa Press. Dans leur requête, les parlementaires estiment que le Front «est le seul représentant légitime du peuple sahraoui». Une légitimité qui, jusqu'à présent, n'a été confirmée ni par les Nations unies, ni par l'UE, ni même par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Reconnaître la «RASD» Dans son arrêt du 21 décembre 2016, la CJUE a clairement déclaré que le mouvement séparatiste n'a pas de qualité pour saisir un tribunal européen quant à l'accord de libéralisation conclu entre l'UE et le Maroc. Un passage que le Front évite sciemment de mentionner dans ses campagnes de communication et auquel la diplomatie marocaine n'accorde pas de grand intérêt. Par ailleurs, les députés ont invité l'exécutif à reconnaître la «RASD». Ils se disent persuadés qu'après la décision de la CJUE du 27 février portant sur l'accord de pêche de 2014, l'Espagne a une «opportunité» pour l'établissement de relations avec l'entité auto-proclamée en 1976 «dans tous les domaines». Lors de l'examen au Conseil de sécurité du renouvellement du mandat de la MINURSO pour une année supplémentaire, les parlementaires invitent le gouvernement espagnol à plaider pour l'élargissement de la mission de l'ONU au Sahara à la surveillance de la situation des droits humains. Force est de constater qu'aucun député du Parti Populaire au pouvoir n'a fait le déplacement dans les camps de Tindouf. Cependant, dans les rangs de l'opposition, un certain Javier Moragas, ancien directeur de cabinet de Mariano Rajoy de 2011 – 2017, était un habitué de Mohamed Abdelaziz. Ciudadanos, le parti de centre-droit qui monte dans les sondages, emprunte également la voie de la sagesse en donnant la primauté à ses intérêts. La formation d'Albert Rivera a boudé le voyage dans les camps de Tindouf. Depuis août 2016, Ciudadanos soutient le gouvernement Rajoy. En mars 2016, les députés de ce parti ont déposé une motion, non-contraignante, demandant au gouvernement de reconnaître le Polisario comme «seul représentant légitime du peuple sahraoui» et d'accorder à ses représentations en Espagne «un statut diplomatique».