Au Maroc, «plus de 600 ingénieurs quittent le pays annuellement dans le cadre du fléau qu'on appelle aujourd'hui fuite des cerveaux». La déclaration est celle du ministre de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Intervenant lundi devant la Chambre des représentants, Saïd Amzazi a affirmé que ce fléau ne concerne pas que le Maroc et reste «international». «L'émigration des compétences s'inscrit dans le cadre de mutations technologiques», a-t-il dit, estimant que «le Maroc ne présente pas d'incitations visant à séduire ses compétences à l'étranger». «Un professeur-chercheur marocain en Europe, s'il décide de rentrer dans son pays, doit commencer dès les premiers échelons administratifs, soit en tant que professeur adjoint, chose qu'aucun chercheur universitaire n'acceptera à l'étranger», a poursuivi le ministre. Saïd Amzazi a ainsi proposé de créer de nouveaux postes pour «garantir à ces compétences la préservation de leur niveau supérieur dans les universités et les instituts marocains». Début janvier, le président de l'association des ingénieurs de l'Ecole nationale supérieure d'informatique et d'analyse des systèmes (ENSIAS) à Rabat, Mustapha Moutout, a fait état auprès de Yabiladi de l'ampleur de ce fléau, notamment au sein de cette école marocaine. «Sur les récentes promotions, jusqu'à 80% des lauréats ont été embauchés par des entreprises européennes», nous a-t-il confié. En avril 2017, Saloua Karkri-Belkeziz, présidente de l'APEBI, estimait quant à elle que «trois entreprises étrangères viennent tous les 15 jours pour recruter une dizaine d'ingénieurs marocains». «Ces départs sont très mauvais pour un pays qui développe des projets digitaux», avait-elle mis en garde.