Alors que la Belgique a entamé l'identification par ADN de ses ressortissants susceptibles de se trouver encore en Syrie, le gouvernement dit vouloir rapatrier les enfants mais pas les mères. La question du retour des jihadistes revient ainsi en Une, rappelant par ailleurs que le Maroc n'a pas encore concrétisé ses promesses. La secrétaire d'Etat à l'asile et à la migration au sein du gouvernement belge, Maggie De Block, veut faire appel d'une décision de justice en vertu de laquelle l'Etat doit «tout mettre en œuvre pour rapatrier de Syrie deux mères djihadistes et leurs six enfants». La ministre envisage le rapatriement des enfants mais sans leurs mères, à rebours de cette décision prise en décembre 2018 par un juge bruxellois en référé. Rapportés par Les Echos, les derniers chiffres de l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (OCAM) datant de mai dernier identifient la présence d'«environ 150 enfants de ressortissants belges en Syrie et en Irak, âgés de moins de 12 ans». Le gouvernement exprime son intention de les faire revenir en Belgique, mais refuse pour le moment d'accueillir les mères, «djihadistes de longue date, condamnées en justice», d'où il envisage un recours «dans les prochains jours». Maggie De Block par en effet du principe que «les femmes de l'Etat islamique ne méritent pas notre empathie». Le Délégué général aux droits de l'enfant fustige Réagissant auprès de la RTBF, le Délégué général aux Droits de l'enfant, Bernard De Vos, reproche au gouvernement belge de n'avoir «jamais été très proactif en la matière». «Il n'a jamais pris suffisamment cette situation au sérieux, s'indigne celui qui est également éducateur et islamologue. Cela fait très longtemps qu'on lui demande d'user de toutes ses influences à tous les niveaux diplomatiques, et notamment pour tenter de faire sortir ces enfants d'un véritable enfer dans lequel ils vivent... sans beaucoup de réactions.» Pour Bernard De Vos, «le principe d'unité familiale doit être maintenu». Selon lui, «il faut savoir que ces deux mères ont été condamnées toutes les deux à cinq ans de prison ; il est entendu qu'une fois qu'elles seront sur le territoire belge, elles devront effectuer cette peine». Par ailleurs, «les enfants garderont des contacts avec leur mère selon les mêmes conditions que les enfants dont les mères sont détenues ici en Belgique», ajoute-t-il. Qu'en est-il du Maroc ? Avec les Pays-Bas et le Tadjikistan, la Belgique fait partie des Etats qui ont entamé des démarches d'identification par ADN de leurs ressortissants présents en Syrie. Des pays n'ont pas encore franchi le pas, tandis que d'autres expriment leur refus de rapatrier leurs nationaux ayant rejoint Daesh. Pour le cas du Maroc, le gouvernement «s'est exprimé en faveur de cette démarche, en coordination avec le ministère chargé des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration, sans que cet engagement n'ait de suite», a précédemment rappelé à Yabiladi l'Observatoire du nord des droits de l'Homme (ONDH). En effet, la déclaration de l'exécutif belge n'est pas sans rappeler que près de 300 ressortissants marocains, dont des femmes et leurs enfants, sont bloqués dans des camps arabo-kurdes en Syrie depuis plusieurs mois. Parmi eux, certains encourent la peine de mort pour leur appartenance à Daesh s'ils sont livrés aux autorités irakiennes, ou pourraient être exécutés pour désertion au cas où ils sont rattrapés par les jihadistes du groupe terroriste. En novembre dernier, le président de l'ONDH, Mohamed Ben Aïssa, a affirmé à Yabiladi qu'«une cinquantaine de nationaux» avait en effet été «rendus à Daesh». «Il s'est avéré, par la suite, qu'il y a eu des interpellations sous mandat d'arrêt international, lorsque d'autres personnes ont pu s'échapper et tenté de traverser la frontière turque», a-t-il encore souligné. «Ces femmes et leurs enfants ne peuvent pas rester dans une situation pareille, où ils sont suspendus et ne font pas l'objet de poursuites, tout en n'étant pas libres dans leur mouvement pour rentrer au pays», déclare le militant, pour qui il est également «impensable» de séparer les enfants de leurs mères.