A la veille de la tenue de la réunion intergouvernementale pour l'adoption du Pacte de Marrakech, la ville ocre accueille à partir de ce mercredi la 11ème édition du Forum mondial sur la migration et le développement (GFMD). Ce dernier a contribué au processus de l'élaboration du pacte mondial. En préparation du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, dont la réunion interministérielle se déroulera les 10 et 11 décembre, Marrakech accueille à partir de ce mercredi la 11ème édition du Forum mondial sur la migration et le développement (Global Forum on migration and development, GFMD). Co-présidé par le Maroc et l'Allemagne, cette édition se tient sous le thème : «Honorer les engagements internationaux pour libérer le potentiel de tous les migrants pour le développement». La co-présidence maroco-allemande a fait de la contribution au processus mené par les Nations unies pour l'élaboration du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, un axe prioritaire. Elle s'est aussi penchée sur l'examen de la mise en œuvre des engagements en matière de migration figurant dans le Programme de développement durable à l'horizon 2030. L'ordre du jour de ce forum mondial est axé sur trois thématiques centrales : «De la vulnérabilité à la résilience : reconnaître les migrants comme agents de développement» ; «Mobilité régionale pour promouvoir l'apprentissage transférable et la cohérence des politiques» ; «Bonne gouvernance en matière de migration pour le développement durable». Intervenant lors de l'ouverture de ce rendez-vous international, El Habib Nadir, co-président du GFMD, a souligné la «symbiose», «l'harmonie et l'entente parfaites» ayant marqué cette co-présidence. Il a aussi évoqué les «discussions libres et échanges sereins» et le «climat de confiance mutuelle». «Vers une gouvernance globale de la migration» Rappelant le travail accompli par le GFMD, à savoir l'«accompagnement du processus de l'élaboration du pacte mondiale sur les migrations», il s'est félicité de l'ouverture du forum sur de nouvelles dimensions, citant à cet égard l'inclusion des autorités locales et leurs rôles dans les migrations. «C'est un tournant historique marquant la volonté de la communauté internationale de faire un pas en avant vers une gouvernance globale de la migration, avec une responsabilité et un développement partagés et une maximisation des effets positifs de la migration.» El Habib Nadir Le co-président du GFMD a également rappelé qu'étant l'un des enjeux du siècle, «les débats et les échanges aboutiront à des résultats concrets en faveur des migrants et des communautés d'origine et d'accueil». De son côté, l'ambassadeur de l'Allemagne au Maroc et co-président du GFMD, Cotz Schmidt-Bremme s'est félicité du rythme soutenu de la mise en œuvre de ce pacte. Il s'est dit «impatient de connaître les propositions et les opinions de la société civile, en contact avec les populations locales dont il ne faut pas sous-estimer les besoins». «Des perspectives qui peuvent avoir un impact sur la migration et qui seront prises en considération», enchaîne-t-il. Pour sa part, Abdelkrim Benatiq, ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration, a rappelé que «cette édition coïncide avec les derniers préparatifs pour le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières». «Cela dit, ces deux événements auront un impact positif dans une période délicate où la migration suscite déjà plusieurs avis. Mais cet espace est particulier dans la mesure où il réunit tout le monde», poursuit-il. Abdelkrim Benatiq et Driss El Yazami en compagnie d'Antonio Vitorino, directeur général de l'Organisation internationale pour les migrations. / Ph. Mehdi Moussahim - Yabiladi L'expérience marocaine mise en exergue Le ministre a considéré que cette «coopération maroco-allemande» témoigne d'une bonne «coopération Nord-Sud. «La migration est l'un des défis du XXIe siècle. Selon les données, 258 millions de migrants ne vivent pas dans leurs pays, soit 3% de la population mondiale. Ils participent à l'économie mondiale. La migration est volontaire mais elle devient obligatoire dans certains pays qui vivent dans la vulnérabilité sécuritaire et l'absence de stabilité», rappelle-t-il. «L'adoption du pacte mondial de Marrakech marquera un moment de rupture avec la gestion unilatérale et l'apparition de la culture de responsabilité partagée. Elle sera aussi le fruit de la conscience collective que chaque pays peut être à la fois un pays d'origine, de transit et d'accueil.» Abdelkrim Benatiq Le ministre chargé des MRE et des Affaires de la migration n'a pas manqué l'occasion de critiquer «l'utilisation politique de la migration dans certains pays d'accueil». «La gestion des flux n'implique plus un seul pays, une seule région ou un seul continent, mais est devenue une affaire mondiale», lance-t-il. L'occasion pour lui de rappeler que le Maroc a depuis longtemps une approche basée sur un certain nombre d'axes s'agissant de la migration, notamment avec «5 millions de MRE, représentant 13% de la population marocaine et participant à hauteur de 7% du PIB». Abdelkrim Benatiq a aussi évoqué les «opérations de régularisation des migrants ayant choisi de s'installer au Maroc», menées par le pays, ainsi que l'accès à l'école publique, aux soins et aux logement sociaux accordés aux migrants. Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l'homme, qui intervenait également à l'ouverture de ce forum, en a profité pour lancer un «appel aux Etats et exhorter ceux qui ne l'ont pas encore fait à ratifier la convention internationale sur les travailleurs migrants et leurs familles». Le président du CNDH estime que «des Etats oublient leurs attachements aux valeurs s'agissant des migrants, surtout irréguliers». L'occasion de critiquer «les débats et le développement du discours de haine qui installent la peur, le rejet et la xénophobie». «La bonne santé démocratique d'une société se mesure par sa capacité d'accueil de l'autre», a-t-il insisté.