A l'approche des élections, les partis prennent position. Si l'on a assisté à la naissance de la «coalition pour la démocratie» avec le rassemblement de huit partis, on a également appris le boycott quasi-rituel de la gauche radicale. Lundi à la première heure, Al Adl wal Ihssan, mouvement islamiste, formule officiellement son boycott. Mais on s'y attendait. Reste le PJD, pris entre la Koutla et cette nouvelle «Coalition». Choisira-t-il le boycott, ou ira-t-il jusqu'au bout ? La surprise n'en est pas une. A quelques semaines des échéances électorales du 25 novembre, Al Adl wal Ihssan boycott les élections : déjà vu. Même si Jamaâat Al Adl n'est pas un parti politique, sa force de mobilisation n'est pas négligeable. Sauf que pour l'instant, la Jamaâa n'a mobilisé ses militants que pour les marches du Mouvement du 20 février, et jamais pour aller aux urnes. D'autres partis l'ont précédé, ceux de la gauche radicale, à savoir le Parti du socialiste unifié (PSU), le PADS (Parti de l'avant garde démocratique et socialiste) ainsi que la Voie démocratique (Annahj). Mais l'abstention de la gauche radicale et celle des Adlistes ne changera pas grand-chose. La gauche parce que «au Maroc, la gauche est une force idéologique mais pas une force électorale» comme le soulignait Mohamed Darif, politologue, dans les colonnes de Yabiladi le lendemain de l'annonce du boycott de la gauche. Mais aussi parce qu'une «bonne partie du corps électoral marocain a l'habitude de boycotter les élections, indépendamment des appels à l'abstention.» expliquait-il. PJD : Boycott or not boycott ? Alors à qui profite le boycott ? « Dans une certaine mesure, le PJD serait le seul parti qui pourrait profiter d'une forte abstention, car ses électeurs sont parmi les plus réguliers à se déplacer aux urnes.» affirmait Mohamed Darif. Mais à ce jour, le Parti Justice et Développement (PJD) ne clarifie pas sa position. Coincé entre la Koutla et «la coalition pour la démocratie», qui est là principalement pour contrer les courants islamistes, malgré ce que les partis de ce rassemblement avancent, le PJD est en mauvaise posture. Tout pointe vers un possible boycott. Car, hormis ces calculs électoraux, le PJD continue de fustiger le nouveau code électoral ainsi que le découpage électoral. «Nous ne sommes d'accord avec rien du tout», s'emporte Abdelilah Benkirane. Le PJD envisagerait-il le boycott ? Rien n'est sûr pour le moment. «Nous continuons à préparer notre stratégie pour les législatives. Pour l'instant il n'y a pas de raison valable pour boycotter.» explique le secrétaire général du PJD. «On ne décide pas comme ça de boycotter sur un coup de tête. Il ne s'agit pas de bouder parce qu'on est fâché avec ses parents», poursuit-il. Le PJD est donc bien déterminé à aller aux urnes, mais sans exclure l'abstention «s'il y a une raison grave. Le boycott est une décision très importante, à ne pas prendre à la légère». Ainsi la position du PJD constitue aujourd'hui la clé de ces élections législatives. Pris en étau entre le G8 (récente coalition pour la démocratie avec le PAM, le RNI, l'UC, le MP, ...) et la Koutla (Istiqlal, USFP, PPS), le PJD voit la pression augmenter.