Plusieurs jours après l'initiative royale annoncée mardi lors du discours commémorant le 43e anniversaire de la Marche verte, l'Algérie n'a toujours pas émis de réaction officielle. En réponse au mécanisme conjoint de dialogue et de concertation entre le Maroc et l'Algérie proposé par le souverain, des sources algériennes autorisées considèrent l'appel du Maroc comme un «non-événement». L'Algérie n'a toujours pas réagi à l'initiative royale, annoncée mardi dernier lors du discours du roi Mohammed VI, commémorant le 43e anniversaire de la Marche verte. Mais en attendant une réaction officielle, il semblerait que le pouvoir algérien a opté pour les médias et les diplomates anonymes. Des réactions officieuses qui fustigent le timing et le contexte de l'appel à la mise en place d'un mécanisme conjoint de dialogue et de concertation pour des relations normalisées entre le royaume et l'Algérie. L'Algérie ne compterait pas répondre à la main tendue du Maroc Ainsi, le média algérien en ligne Tout sur l'Algérie (TSA) a rapporté samedi que «l'appel de Mohammed VI est un non-événement», citant une «source autorisée». Evoquant une «offre douteuse dans sa forme et suspecte dans son contenu», la source algérienne affirme que l'initiative royale «ne mérite pas de réponse formelle». «Pour les Algériens, échaudés par les précédentes diversions de Mohammed VI et les fausses ouvertures conçues en fonction des échéances, cet appel n'est pas sincère», poursuit le média qui rappelle les conditions posées par l'Algérie pour une réouverture des frontières terrestres et la normalisation des relations entre Rabat et Alger. Pour sa part, le média londonien Al Araby a rapporté samedi que des diplomates algériens ont confié à la presse nationale et internationale en Algérie que celle-ci «ne répondra pas à l'initiative royale». Un appel qui serait considéré comme une «manœuvre de propagande destinée à la consommation médiatique». «Le message politique annoncé par Mohammed VI dans son discours du mardi dernier, est contraire aux normes diplomatiques», poursuit la source algérienne anonyme. Algérie : Youssoufi salue l'initiative royale et se rappelle de la médiation avec Brahimi «Il existe des canaux diplomatiques officiels connus, par lesquels les pays peuvent échanger des positions et des messages politiques, au lieu de manipuler des médias», ajoute ce diplomate. Celui-ci estime également que le royaume «veut que le dossier du Sahara soit un différend bilatéral entre l'Algérie et le Maroc, alors qu'il s'agit d'un dossier onusien de décolonisation et d'autodétermination conformément aux décisions de l'ONU». Le média rappelle, à travers sa source diplomatique, plusieurs événements ayant envenimé les relations déjà froides entre Rabat et Alger, à commencer par «l'annulation à la dernière minute en 2005 de la visite du Premier ministre algérien Ahmed Ouhayha par un communiqué relayé par l'agence MAP, sans faire appel aux canaux diplomatiques» et «l'incident du drapeau du consulat algérien de Casablanca, arraché et brûlé par un manifestant». Une initiative saluée par plusieurs pays Outre les déclarations de ces responsables algériens anonymes, les médias algériens connus pour leur proximité avec les centres de décision du palais El Mouradia ont rapidement décrit de «manœuvre» l'initiative annoncée par le roi Mohammed VI mardi dernier. Mais au-delà du silence des officielles algériens, gouvernement, présidence et partis politiques, de nombreux pays ont accueilli favorablement la main tendue du Maroc vers l'Algérie voisine, dont la Ligue arabe, les pays du Golfe et la Mauritanie. Celle-ci a salué jeudi la proposition marocaine via le porte-parole du gouvernement mauritanien, Sidi Mohamed Ould Maham. «La Mauritanie souhaite que la proposition du souverain marocain réussisse à réchauffer les relations entre les deux pays [et] encourage cette initiative et souhaite beaucoup de succès à toute mesure destinée à assurer la stabilité et la sécurité dans la région», a-t-il déclaré. Initiative royale : La réaction de la Mauritanie déplaît au Polisario Jeudi, la France a affirmé avoir pris connaissance «avec un grand intérêt» de la proposition faite par le Roi Mohammed VI d'«un dialogue renouvelé avec l'Algérie». «La France a toujours appelé de ses vœux le renforcement des liens entre le Maroc et l'Algérie, qui sont des partenaires majeurs auxquels nous unissent des liens d'une densité exceptionnelle», a souligné la porte-parole du ministère français de l'Europe et des affaires étrangères.