Les opportunités qu'offrent le marché mauritanien et son ouverture sur l'Afrique séduisent les Algériens. Les Marocains entendent défendre leurs intérêts dans ce pays. La Mauritanie est courtisée à la fois par le Maroc et l'Algérie. Les deux frères-ennemis multiplient les initiatives économiques et politiques en direction de Nouakchott. Ainsi courtisé, le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz essaie s'ouvre sur ses voisins maghrébins en procédant à un rééquilibrage de sa politique étrangère avec la nomination en juin dernier d'Ismaïl Ould Cheikh a la tête de sa diplomatie. Cinq mois plus tard, la manœuvre semble porter ses fruits. Alger ne lésine pas sur les moyens pour se renforcer sur le marché mauritanien. Le coup d'envoi de son offensive a été donné, le 19 août dernier, avec l'ouverture du poste frontalier Tindouf à Zouerate. Le 24 octobre, s'en est suivi le déplacement à Nouakchott d'une forte délégation commerciale conduite par le ministre du Commerce, Saïd Djellab, pour prendre part à la 2e session du conseil d'affaires algéro-mauritanien. Un événement au cours duquel les deux parties ont signé 9 accords de coopération dont un prévoyant la réalisation d'une base logistique à Bir Moghreïn, située à 400 kilomètres des frontières entre les deux pays. Parallèlement à cette réunion, la capitale du voisin du sud a accueilli, du 23 au 29 octobre, la Foire des produits algériens avec la participation de 170 entreprises algériennes. Menace sur la place du Maroc dans l'économie mauritanienne ? Les vents favorables dans les relations commerciales entre Alger et Nouakchott soufflent depuis de longs mois déjà. En 2017, les échanges commerciaux entre les deux pays ont enregistré un bond remarquable, avec 50 millions de dollars contre 38 M$ une année auparavant. Pourtant, malgré cette bonne performance, «elle reste loin des 200 M$ par an des exportations du royaume vers ce pays. Le Maroc est, par ailleurs, le premier investisseur africain en Mauritanie», nous confie une source diplomatique. Les aléas de la politique n'ont visiblement pas eu d'impact sur le rythme soutenu de ces échanges et investissements. La présence du made in Morocco dans ce marché est appelée à se consolider davantage si un accord de libre échange voit le jour. Un point soulevé en avril 2016 à Rabat par Khadija Mint Mbareck Fall, alors ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères chargée des Affaires maghrébines, africaines et des Mauritaniens de l'étranger. Or depuis le 30 octobre 2018, la dame occupe dans le nouveau gouvernement le maroquin du Commerce, de l'industrie et du tourisme. Le projet d'accord de libre échange devrait être au menu de la 8e session de la haute commission mixte maroco-mauritanienne. Et à en juger par l'accueil chaleureux, comme le rapporte le site taqadoum, réservé à Nasser Bourita par son homologue Ismaïl Ould Cheikh, les relations entre les deux pays devraient connaitre un tournant. Il ne manque au retour de l'embellie qu'une rencontre entre le roi Mohammed VI et le président Ould Abdelaziz pour sceller les retrouvailles.