Ce week-end, des vidéos sur Internet ont montré des jeunes affluer par centaines en direction des côtes de Martil. Dans cette ville du nord du Maroc, une embarcation fantôme est apparue en proposant une traversée gratuite vers l'Espagne. Il y a quelques jours, une patera a été aperçue dans une plage de la région de Tanger, invitant les riverains à migrer gratuitement vers l'Espagne. Une semblable aurait été vue ensuite sur une plage de Fnideq, puis à Martil dans la nuit de samedi dernier, selon Hespress. L'alerte a été lancée par l'Observatoire du nord pour les droits de l'Homme (ONDH), qui fait état de contrôles d'identité strictes et d'interdiction parfois aux jeunes de s'approcher de la mer. Ce matin, l'ONG a rapporté que des barrages de police ont été mis en place à l'entrée des villes de la région, où des affluents parmi les jeunes de villes intérieures ont parfois été contraints de faire demi-tour. Des routes passées au peigne fin Alyoum24 a indiqué que la tentative de traversée depuis Martil avait été mise en échec, tandis que la veille, une embarcation similaire a pu semer la police en se dirigeant vers la haute-mer. Contacté par Yabiladi, Mohamed Benaïssa, président de l'ONDH, nous confirme les faits survenus à Martil. Il ajoute que les membres des réseaux derrière ces traversées n'ont pas encore été identifiés par les autorités. «Au niveau du Maroc en tout cas, la police surveille les côtes du nord de plus près et contrôle même l'identité des jeunes se trouvant au bord de la mer et qui seraient dans l'attente de voir apparaître l'un de ces véhicules», nous précise le militant. Celui-ci assure que «des dizaines de jeunes sont déjà parvenues à rallier les eaux du voisin du nord». «Aucune contrepartie financière n'est exigée aux jeunes tentés par la traversée, d'où l'afflux important dès l'apparition d'une embarcation. On se contente de les conduire vers les côtes espagnoles et arrivé à destination, chacun prend son chemin.» Mohamed Benaïssa, président de l'ONDH Dans ce contexte, un communiqué publié par l'ONDH ce lundi prévient de l'évolution de cette situation, qui «pourrait dégénérer pour donner lieu à des actes de violence». L'ONG rappelle aussi «la sortie de plusieurs jeunes qui ont manifesté en exigeant des autorités de les laisser accéder aux pateras, en l'absence de réactions pour leur venir en aide» sur le plan social ou économique. Les trafiquants de drogue soupçonnés Mohamed Benaïssa estime que les apparitions de ces barques ne constituent pas plus qu'«une série de provocations adressées aux autorités marocaines, certainement de la part de grands barons de drogue actifs entre l'Amérique latine et l'Europe via le Maroc». En effet, «ces derniers ne se seraient pas remis de deux interventions majeures de la police marocaine, qui a réussi dernièrement à saisir plusieurs tonnes de substances illicites de valeur, à Dakhla et à Rabat», nous explique encore le président de l'ONDH. Par ailleurs et selon le militant, le risque de voir ces jeunes ayant fait la traversée s'engager auprès de ces réseaux-là reste minime, voire nul. «Je ne pense pas que ce soit une manière de recruter des Marocains parmi des trafiquants ; il s'agit surtout de provocations en riposte à la lutte contre la drogue, menée par la police marocaine. Ce qui est sûr, c'est que les auteurs de ces traversées gratuites emploient les grands moyens et sont dotés de véhicules performants.» Mohamed Benaïssa, président de l'ONDH Malgré une réaction sécuritaire de la part de la police marocaine, Mohamed Benaïssa nous précise que beaucoup de jeunes «restent en attente de voir sortir de l'eau une embarcation». D'ailleurs, les locaux ne sont pas les seuls, puisque l'ONDH a recensé également des ressortissants subsahariens parmi les candidats à cette traversée. Cette alerte de l'ONDH survient quelques jours après l'annonce du gouvernement marocain, faisant état de la diminution du nombre de nationaux parmi les migrants tentés de rallier l'Espagne. Mais selon les chiffres de l'Organisation internationale de la migration (OIM), près de 6 000 Marocains sont arrivés au royaume ibérique par voie maritime, jusqu'au 9 septembre dernier, tandis qu'ils étaient 2 683 au 10 septembre 2017.