L'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) va entamer sa troisième phase à travers quatre programmes qui visent, entre autres, à accompagner les personnes en situation de précarité, améliorer les revenus et l'intégration économique des jeunes et appuyer le développement humain des générations montantes. Lancée par le roi Mohammed VI en 2005, l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) franchit sa troisième phase, dont la présentation et les grandes lignes ont fait l'objet d'une audience présidée par le roi mercredi à Rabat. Elaborée conformément aux instructions royales, cette troisième phase vise essentiellement à «consacrer les valeurs de justice sociale et de dignité tout en se projetant dans l'avenir», a affirmé mercredi le ministre de l'Intérieur Abdelaoufi Laftit. Ce dernier a détaillé la nouvelle approche globale de l'INDH, basée sur quatre programmes «cohérents et complémentaires garantissant la participation de tous les acteurs sociaux». Son lancement nécessitera, quant à lui, une enveloppe estimée à 18 milliards de dirhams. Une poursuite des grandes lignes définies depuis 2005 Dans le détail, les quatre grands projets de cette troisième phase restent plus ou moins différents des anciens programmes de l'INDH. Le premier concerne, en effet, la résorption du déficit enregistré en matière d'infrastructures et de services de base dans les zones les moins équipées. Il est ainsi lié aux deux précédentes phases de l'INDH et viserait même à «préserver les acquis des première et deuxième phases tout en poursuivant l'action pour remédier à une partie du déficit relevé par la carte de pauvreté multidimensionnelle». Les interventions de ce programme porteront sur cinq axes prioritaires, à savoir la santé, l'enseignement, l'électrification du monde rural, l'approvisionnement en eau potable et la réalisation de routes et ouvrages d'art. Prévu dans le cadre de cette troisième phase, l'ancien programme de lutte contre la précarité devient un «programme d'accompagnement des personnes en situation de précarité». Il vise désormais «à renforcer et à élargir les domaines d'intervention de l'INDH dans ses deux premières phases au profit des différentes catégories de personnes en situation de précarité, en œuvrant dans le cadre des réseaux associatifs. Au total, onze catégories prioritaires parmi les personnes en situation de vulnérabilité sont concernées : «le soutien à cinq catégories de personnes à besoins spécifiques, les malades et les personnes âgées sans ressources, le soutien à la réinsertion socio-économique de quatre catégories englobant les femmes en situation de précarité, les anciens détenus sans ressources, les mendiants, les vagabonds et toxicomanes, ainsi que la protection de deux catégories d'enfants et de jeunes (enfants abandonnés, enfants de rue et les jeunes sans-abris)». Une réponse aux besoins actuels Le troisième et le quatrième programmes, même s'ils sont liés aux précédents, peuvent être qualifiés de nouveaux. En effet, le programme d'amélioration des revenus et d'intégration économique des jeunes vise principalement à garantir un revenu et créer des emplois pour les jeunes. Il porte sur la promotion de l'élément humain à travers des mesures de soutien à la formation et d'accompagnement dans l'objectif d'intégrer les porteurs de projets, d'adopter une feuille de route pour le développement économique local pour booster les activités économiques et faciliter l'insertion socio-économique des jeunes. Le programme concerne l'appui pour le développement humain des générations montantes. Il s'agit, selon Abdelouafi Laftit, d'une «nouvelle pierre dans l'édification du système intégré de développement durable qui tend à lutter de manière proactive contre l'une des causes principales du retard en matière de développement humain, à travers l'investissement dans le capital humain dès la petite enfance». Anniversaire de l'INDH : Bilan de 13 ans d'actions en attendant une (éventuelle) réorientation Si les quatre premiers programmes nécessiteront chacun 4 milliards, l'appui au développement humain des générations montantes nécessitera pour sa part près de 6 milliards de dirhams, financés à hauteur de 60% par le budget de l'Etat, de 30% du budget du ministère de l'Intérieur à travers la Direction générale des collectivités locales, tandis que 10% sera financé par la Coopération internationale. L'accent mis sur le domaine social Cette attention particulière aux domaines sociales, soutenue par l'effort d'investissement de l'Etat, trouve ses origines dans le précédent discours royal. Le souverain avait en effet pointer les problèmes du modèle économique et de l'insuffisance des politiques sociales. Il avait également appelé à donner aux domaines sociales une place importante. Des orientations traduites dans la lettre de cadrage adressée par le chef du gouvernement Saâdeddine El Othmani aux différents départements ministériels. Une feuille de route qui place les secteurs sociaux au cœur des priorités. Lancée par le roi Mohammed VI le 18 mai 2005, l'INDH vise notamment à lutter contre la pauvreté. L'évolution de ce taux peut souffler le chaud et le froid. En effet, si les régions représentant les taux de pauvreté importants au Maroc ont réussi, jusqu'en 2014, à réduire la pauvreté, d'autres n'y parviennent pas, creusant les disparités entre régions. Reste à savoir si la mise en place de cette nouvelle phase de l'INDH accélèrera le développement social et réduira les inégalités. Pour rappel, le Maroc a toujours du mal à dévoler au niveau du classement de l'Indice de développement humain établi par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).