La convocation de journalistes et de directeurs de publications marocains par la justice française est le denier épisode d'une série de tensions, déclarées ou latentes entre Rabat et Paris. La justice française souhaite entendre plusieurs journalistes marocains ayant fait l'objet d'une plainte, déposée en 2014 contre huit supports médiatiques, par l'ancien capitaine des Forces armées royales (FAR) Mustapha Adib. Le timing de l'exhumation de cette affaire n'est pas sans soulever des interrogations portant sur l'état actuel des relations franco-marocaines. La convocation de journalistes et directeurs de publications par un juge d'instruction à Paris intervient seulement trois semaines après l'audience accordée par le président Macron, le 11 août dans son lieu de villégiature, à Béatrice Gallay, la mère de Thomas, un Français de 37 ans, condamné à quatre ans de prison par la justice marocaine pour activités terroristes. Un privilège que la famille de Sophie Pétronin, 73 ans enlevée au Mali par AQMI depuis le 24 décembre 2016, n'a pas eu, et ce, malgré les nombreux messages adressés en ce sens à l'Elysée. Le Drian attendu probablement à Rabat dans les jours à venir Les derniers mois ont connu des différences de vues entre Rabat et Paris, exprimés en coulisse ou parfois étalés publiquement. En mars dernier, bien avant l'affaire de la convocation des journalistes, lors d'une interview accordée à l'Associated Press, le directeur du Bureau central des investigations judiciaires, Abdelhak Khiame, a publiquement reproché aux services de renseignements français d'avoir caché à leurs homologues marocains la radicalisation de Redouan Lakdim. Ce Franco-marocain est l'auteur d'une attaque terroriste dans un supermarché dans l'Aude ayant fait quatre morts et 15 blessés. On apprend également que les visites successives de François Hollande au Maroc et la nature de l'accueil qui lui est réservé suscitent des grincements de dents dans l'entourage du président Macron. En mars dernier le roi Mohammed VI, alors qu'il était absent du royaume, avait offert un dîner en l'honneur de Hollande présidé par le prince héritier Moulay El Hassan. L'ancien locataire du palais de l'Elysée est visiblement décidé à faire son come-back politique. La campagne de dédicace de son livre "Les Leçons du pouvoir" lui offre de nouvelles opportunités de décocher quelques flèches en direction de son ex-ministre de l'Economie. Ces quelques malentendus ou divergences devraient être inscrits dans l'agenda du chef de la diplomatie française lors de son déplacement au Maroc. Jean-Yves Le Drian pourrait en effet effectuer dans les prochains jours une visite à Rabat.