Au Nigéria, le groupe anti-Maroc se renforce par l'adhésion de nouvelles recrues. En témoigne, une conférence organisée le 10 août à Abuja. A son corps défendant, le Maroc s'invite à la pré-campagne des présidentielles de février 2019 au Nigéria. A quelques mois de cette échéance hautement cruciale pour l'avenir politique de Muhmmadu Buhari, qui souhaite rempiler pour un deuxième mandat, les opposants au royaume montent au créneau. Vendredi 10 août, une conférence organisée à Abuja et placée sous le thème le «Nigéria dans la lutte pour la libération du Sahara occidental», leur a donnée l'occasion de lancer une nouvelle vague de mise en garde au chef de l'Etat contre le royaume. Le premier a dégainé contre le Maroc fut le président du «Nigeria Labour Congress», Ayuba Wabba. Celui-ci, qui n'est pas à son premier coup d'essai, a invité le chef de l'Etat «à honorer ses engagements en faveur de l'indépendance du peuple du Sahara occidental», indique un média local qui rapporte une dépêche de l'agence NAN (officielle). Des messages adressés à Buhari lui rappelant son passé pro-RASD «Le président Muhammadu Buhari avait promis de soutenir le peuple du Sahara occidental et à user de son rang en tant que président du Nigéria pour qu'il soit indépendant», a déclaré Wabba. Pour mémoire, c'est sous la première présidence (13 décembre 1983 au 27 août 1985) du militaire Buhari, arrivé au pouvoir après un coup d'Etat, que ce pays a reconnu la «RASD» le 12 novembre 1984. Une reconnaissance qui est restée en vigueur malgré le rapprochement entre Abuja et Rabat. La position anti-marocaine du «Nigeria Labour Congress», exprimée ce 10 août, rejoint son refus déjà exprimé à l'adhésion du royaume à la CEDEAO. En septembre 2017, le syndicat avait apposé sa signature à une lettre appelant le chef de l'Etat togolais, Faure Eyadema, alors président du groupe régional, de rejeter la requête marocaine. Des appels à boycotter les produits marocains La réunion du 10 août a permis à d'autres voix de s'ajouter au groupe réputé pour son hostilité à l'égard du royaume, telles l'association des diplomates retraités, la Manufacturers Association of Nigeria et l'Organisation du Commerce de l'Union de l'Afrique de l'Ouest (connue par son acronyme anglais OTUWA). C'est le cas du Biodun Ogunyemi, le président depuis mai 2016 de l'Union des universitaires. Ce dernier a exhorté Buhari, en sa qualité de président de la CEDEAO de soutenir le Polisario. Ezenwa Nwagwu, un membre du Comité de défense des droits de l'Homme a également pris la parole. Si les autres intervenants ont choisi d'interpeler le chef de l'Etat, celui-ci a préféré adresser son message aux Nigérians, les invitant à boycotter les produits marocains. Cette conférence a montré que les milieux opposés au Maroc dans ce pays se renforcent avec l'arrivée de nouvelles recrues. Muhammadu Buhari ne peut les ignorer alors qu'il ambitionne de rester au pouvoir.