La normalisation des relations entre le Maroc et le Nigéria n'est pas à l'ordre du jour. Rabat n'a dépêché aucun haut responsable lors de la cérémonie de prestation de serment de Muhammadu Buhari. Encore une fois, c'est l'alignement de ce dernier sur les thèses du Polisario qui en est la cause directe. Le 29 mai, Abuja était l'hôte de nombreux leaders africains venus assister à la prestation du serment du nouveau président Muhammadu Buhari. Cet événement a totalement été ignoré par les médias officiels marocains. Un «oubli» aggravé par l'absence d'un haut responsable pour représenter le royaume lors de la cérémonie d'investiture. Et pour cause, le ministre des Affaires étrangères accompagnait le roi dans son déplacement en Guinée-Bissau. Au moment où Buhari prononçait son premier discours présidentiel, Salaheddine Mezouar accomplissait, au côté du monarque, la prière du vendredi dans une mosquée de la capitale de ce pays. De son côté, Mme Mbarka Bouaida, la n°2 de la diplomatie, était encore à Paris pour le compte de la douzième réunion de la haute commission franco-marocaine. Le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, qui s'était par exemple rendu à l'investiture du président mauritanien en août 2014, était lui resté au royaume. Et il en était de même pour le président de la Chambre des conseillers, Mohamed Cheikh Biadillah. Le dossier Sahara entrave encore les relations maroco-nigérianes Avant même qu'il n'accède officiellement à la haute magistrature de son pays, Muhammadu Buhari a pris des initiatives laissant entendre qu'il n'était pas prêt de changer de position sur le dossier du Sahara occidental. Le 29 avril dernier, il a accueilli dans sa résidence l' «ambassadeur» du Polisario au Nigéria. Deux semaines plus tard, il a adressé une lettre de remerciement à Mohamed Abdelaziz dans laquelle il lui a exprimé l' «engagement» de son pays à soutenir le Front sur la scène africaine. Le même «engagement» a été réitéré, le 29 mai à Abuja, au «premier ministre» Taleb Omar. Celui-ci a eu même droit à des entretiens avec le nouveau président quelques heures avant la cérémonie de prestation de serment. Au lendemain de sa victoire aux présidentielles du 30 mars, le roi Mohammed VI avait pourtant appelé, dans un message de félicitation adressé à Buhari, au «respect total des constantes nationales des deux pays» et à «l'émergence d'une nouvelle Afrique, où les peuples ambitionnent plus que jamais à réaliser le développement global dans la paix et la stabilité». Il faut croire que l'appel du souverain marocain n'a pas eu d'écho au Nigéria. Il y a d'ailleurs peu de chance que cela bouge puisque c'est sous la présidence du général Buhari, qu'il avait obtenu après un coup d'Etat, que le Nigéria avait reconnu l'autoproclamée «RASD» en novembre 1984.