Les musulmans de Ceuta célèbreront séparément la grande prière de l'Aid El Fitr. A l'origine de cette division, les affinités de certaines communautés musulmanes avec le Maroc. Certains n'hésitent d'ailleurs pas à accuser Rabat d'ingérence dans la vie religieuse de l'enclave sous souveraineté espagnole. Pour d'autres en revanche, l'influence du Maroc est «absolument nécessaire». Une année de plus, la fin du mois sacré sera célébrée sous le signe de la désunion par la communauté musulmane du préside espagnol de Ceuta. La communauté musulmane de la petite ville de 19 km² sera partagée entre deux «musalla» (lieu de prière en plein air) pour la grande prière de l'Aïd El Fitr. Les fédérations d'associations musulmanes de l'enclave, ne réussissant pas à s'entendre, convoquent la grande prière marquant la fin du ramadan à deux endroits différents de la ville depuis 2008. D'un côté l'Union des communautés islamiques de Ceuta (UCIDCE), dirigées par Laarbi Maateis, a appelé les fidèles à se réunir sur l'esplanade militaire du quartier Loma Margarita. De l'autre côté, la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI) présidée par Mohamed Ahmed Ali, organisera la grande prière de l'aïd à la mosquée de Sidi Mbarek, dans un quartier de l'Est de la ville. L'influence de Rabat en cause... La raison de cette division porte sur la pratique de l'islam prônée d'un côté ou de l'autre. Le site Ceutaldia.com explique en effet que la FEERI reproche à l'UCIDCE de prôner un islam radical, éloigné du rite malékite, qui est également observé au Maroc. De son côté, l'UCIDCE aimerait justement que la communauté islamique de Ceuta qui marque son indépendance de Rabat. En effet le Ministère des Habous, qui a une délégation dans la ville de M'diq voisine de Ceuta, nomme certains imams dans l'enclave. Vu le statut particulier de Ceuta, situé au nord du Maroc, mais sous souveraineté espagnole, et connaissant les revendications du Maroc, la question est forcément sensible. Pour Laarbi Maateis, dont la fédération rassemble le plus grand nombre de fidèles (42 des 45 associations de fidèles de Ceuta sont affiliées à son mouvement), l'influence du ministère des Affaires islamiques empoisonne les relations entre les musulmans de Ceuta en mélangeant «religion et politique». Mais à Ceuta, il ne se trouve pas que des détracteurs de l'influence marocaine. Dans une récente interview, Abdelmalik Mohamed, président de l'Association pour le développement économique et social de Ceuta (ADESC) affirmait que «Le Maroc est à l'islam de Ceuta ce que la lune est à la Terre : absolument nécessaire».