Une polémique, une autre encore, sur la laïcité en France qui a pour déclencheur l'islam. Organisé par la mairie de Paris, «L'Iftar léger» a suscité de vives réactions d'organisations de droite, de la préfecture de Paris, ainsi que certaines personnalités politiques. Malgré les remous suscité, la mairie de Paris persiste et signe : l'iftar a eu lieu hier à l'hôtel de ville. Tour d'une polémique. Il a suffit que la mairie de Paris décide d'organiser un «Iftar» dans le cadre des «nuits du ramadan» pour secouer la droite «laïque» française, certains députés et même la préfecture de Paris. Ils avaient même tous appelé à l'annulation de cet évènement qui s'est tenu quand même hier, mercredi 24 aout, à l'hôtel de ville, avec la présence de près de 1 000 personnes. Au bord de l'indigestion, Bertrand Munch, préfet de Paris avait adressé une lettre publiée par le Figaro à Bertrand Delanoë le 19 août, où il expliquait qu'il lui «semble contraire au principe de neutralité des services publics […] d'organiser une telle soirée à caractère cultuel». La direction juridique proposait même son annulation pure et simple, sous prétexte que la tenue de cet «Iftar» «ne respecte pas le principe d'égalité entre les cultures». La droite s'agite A l'instar du préfet, des députés sont montés au créneau afin d'exprimer leur «indignation». Conseiller de Paris, Jérôme Dubus du Nouveau Centre affirmait que «Bertrand Delanoë doit renoncer à accueillir la soirée du Ramadan à l'Hôtel de Ville […] aucune autre fête religieuse, ni chrétienne, ni juive, ni de toute autre confession n'avait connu ce privilège». Jacques Myard, député UMP, pour sa part s'est dit «scandalisé» par «ce type d'initiative» qui «ne peut que heurter tous les républicains qui ne veulent pas être concernés par la religion des autres […] (et) n'est destinée qu'à recueillir des voix confessionnelles au mépris total des principes républicains garant du vouloir vivre ensemble au-delà de toutes les religions» dans un billet publié sur son blog dès le 16 août. Les associations laïques et/ou de droite se sont également bousculées pour condamner cette soirée à caractère religieux. Hormis la Nouvelle Droite Populaire, Bloc Identitaire, et Projet Apache –groupe de militants d'extrême droite-, ont placardé hier des affiches dans le périmètre de l'hôtel de ville. Les affiches présentaient une photo de Delanoë avec cette citation qui n'est pas de lui mais qui lui a été imputée pour l'occasion : «Aujourd'hui les Parisiens sont sans logement, les Français n'ont plus d'argent, les Européens voient leur avenir foutre le camp... Moi, je préfère dépenser pour le ramadan». Ceci pour faire référence aux 29 000 euros déboursés pour le repas du f'tour, et les 70 000 euros de budget pour l'animation de cette soirée qui reste «cultuelle» pour ces militants d'extrême droite. Soirée cultuelle ? Non, culturelle ! Pour Delanoë, la polémique n'a pas lieu d'être. Tous les parisiens sont invités à participer à cette soirée «culturelle», comme tous les autres évènements traditionnels inspirés d'autres religions pratiquées à Paris et organisés par la mairie, tels que «Hanouka, Vesak, la saint Maroun, le nouvel an chinois, le nouvel an berbère, l'arbre de Noël...». Dans une réponse adressée à la préfecture, la mairie explique que cet évènement «n'a pas pour objet de permettre l'accomplissement de certaines pratiques à caractère rituel, mais bien au contraire, d'organiser des festivités, ouvertes à tous, qui ne relèvent pas de la sphère religieuse». Le Parti de Gauche (PG) a fustigé par communiqué «cette façon d'agiter le mot laïcité exclusivement contre l'islam» tout en restant «systématiquement silencieux quand il s'agit d'autres cultes ne paraît pas conforme aux principes de la République laïque». Quant aux écologistes, ils saluent tranquillement cette «initiative pacifique et solidaire».