Ce lundi, les ministres de la Pêche de l'UE sont réunis à Bruxelles, dans le cadre des négociations de l'accord de pêche avec le Maroc. Le traité a expiré samedi, au moment où les deux parties ne sont pas encore parvenues à un consensus pour renouveler l'accord. A Madrid, les professionnels de la pêche sont dans l'incertitude, tout comme le ministre espagnol de tutelle, Luis Planas. Cité par l'agence EFE, celui-ci annonce aujourd'hui une «aide aux armateurs et aux équipages impactés par l'arrêt des activités de pêche au Maroc, après l'expiration, depuis le 14 juillet, de l'accord avec l'UE». Peu avant la réunion tenue à Bruxelles et rassemblant les ministres de la Pêche des Vingt-huit, Luis Planas a déclaré avoir «donné des instructions» pour que la flotte ibérique, désormais incapable d'opérer au Maroc, «bénéficie du soutien de l'administration espagnole», qui consiste en «des fonds communautaires». En effet, il s'agit de 49 bateaux espagnols qui doivent mettre fin à leur activité dans les eaux marocaines, tant qu'un accord entre Rabat et l'UE n'a pas été trouvé. Dans sa déclaration, Luis Plana a voulu garder un ton positif en espérant avoir «bientôt de bonnes nouvelles», mais il souligne que même en arrivant à un renouvellement du traité, le processus retardera l'entrée en vigueur de celui-ci. Il est question d'«au moins quelques semaines», car le texte «devra être approuvé par le Conseil et, plus tard, par le Parlement européen». Les armateurs pressent leur gouvernement de trouver une solution De son côté, le conseiller espagnol chargé de la pêche et de l'agriculture, Rodrigo Sanchez Haro, a déclaré à Europa Press que la situation était «compliquée» en attendant de parvenir à un nouvel accord. Il reste dans l'expectative, pendant que les armateurs opérant au Maroc appellent leur gouvernement, depuis samedi, à trouver une issue favorable aux négations pour qu'ils puissent reprendre leurs activités «le plus tôt possible». Dans ce sens, la déclaration gouvernementale concernant l'indemnisation des professionnels du secteur sonne comme une réponse à la Confédération espagnole des pêches (CEPESCA). A l'expiration de l'accord, celle-ci a exprimé son regret que l'UE et le Maroc ne l'aient pas encore renouvelé, appelant l'administration ibérique à soutenir financièrement les armateurs concernés. Pendant ce temps, le représentant de la Fédération andalouse des associations de pêche (FAAPE), Manuel Fernández, a déclaré à EFE que cette suspension constituait «une pression sur le golfe de Cadix», puisque les bateaux espagnols qui doivent quitter les eaux marocaines devront continuer leur activité là-bas. Il explique que «les navires opérant au Maroc ont une double licence qui leur permet de pêcher dans les eaux du golfe de Cadix et dans les eaux d'un autre pays», soulignant ainsi les conséquences de ce retard dans les négociations. Trouver une issue aux différends politiques Au lendemain de l'arrivée à terme du traité, le média espagnol Canalsur a rappelé que le blocage de ces négociations était lié à des raisons politiques, notamment à la décision de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), rendue le 27 février 2018 et excluant les eaux du Sahara occidental de l'accord de pêche. Au total, 90% des 126 navires européens bénéficiaires de l'accord de pêche opèrent, depuis 2014, dans le Sahara occidental. La même source indique que malgré ces obstacles, les deux parties ont réussi à surmonter les questions politiques liées à la décision de la CJUE, mais sans s'accorder sur des moyens de mise en œuvre. Par ailleurs, les autorités espagnoles ont précédemment souligné que le Maroc avait demandé 80 millions d'euros de compensation par an, alors qu'il n'en percevait que 40 millions dans le cadre de l'accord de 2014. Un précédent désaccord Ce n'est pas la première fois que les armateurs espagnols se confrontent à une telle situation, dans le cadre des renouvellements de l'accord de pêche entre le Maroc et l'UE. Le 4 novembre 1999, lorsque le traité de 1995 était arrivé à terme, le gouvernement marocain avait refusé de le renouveler. Une décision d'Abderrahmane El Youssoufi, alors Premier ministre, qui avait eu comme conséquence l'arrêt d'activité de 430 navires européens dans les eaux territoriales marocaines. «Tous les navires opérant dans le cadre de cet accord de pêche devront quitter les eaux territoriales du royaume mercredi avant minuit», avait annoncé à l'époque le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Plus tard, le Premier ministre avait souligné que le traité d'après devait bénéficier plus équitablement au Maroc, au niveau de la dynamisation, du développement et de la promotion du secteur de la pêche nationale.