Lee Ibrahim Murray-Lamrani est braqueur maroco-britannique et combattant professionnel de MMA. Dans une interview récente, l'homme de 40 ans parle de son emprisonnement au Maroc. Il a été arrêté en 2006 et depuis, il attend le jour où il va renouer avec la liberté. Lee Ibrahim Murray-Lamrani a plusieurs casquettes. Le Maroco-britannique est combattant professionnel de MMA (arts martiaux mixtes) d'origine, trafiquant de drogue et braqueur de banques. Son père est marocain et sa mère est une coiffeuse britannique. Il est né dans le sud-est de Londres. Lundi 2 juillet, le média sportif Bloody Elbow a publié une interview, menée par le reporter et auteur Elliot Worsell. Dans cet entretien, Lee Ibrahim Murray s'est prêté au jeu des questions réponses et est revenu sur ses années derrière les barreaux. A cœur ouvert, il s'est ainsi livré sur ses 12 années passées dans la prison locale de Tifelt. Il a confié à quel point sa famille, sa liberté et le MMA lui manquaient. En effet, «passer du temps avec ma famille et tenter de rattraper les années sont des choses que j'ai perdues», a écrit Murray pour répondre à une question d'Elliot Worsell sur sa liberté. Le Britannique a été condamné à 25 ans de prison et doit encore purger 13 ans dans la prison locale de Tifelt, avant d'être libre. Le combattant professionnel des arts martiaux mixtes a fait beaucoup parler de lui, notamment pour avoir remporté 12 combats de MMA, mais surtout, il s'est fait connaître en tant que cerveau du plus grand braquage de l'histoire de l'Angleterre. Ibrahim Lee Murray, (habillé en noir), le jour de son arrestation à Rabat. / Ph. The Sun Un passé trouble Des années avant de devenir le braqueur le plus recherché d'Angleterre, Lee Ibrahim avait vécu une enfance difficile dans le Kent, près de Londres. Ses parents se sont rencontrés aux Îles Canaries. Lee Ibrahim est leur premier enfant. Né en Angleterre, le combattant professionnel a passé les sept premières années de sa vie loin de son père, Ibrahim Lamrani. Ce dernier a épousé sa mère, Barbara Murray, après avoir rejoint sa petite famille en 1984. Le père marocain est décrit comme «violent» et «alcoolique», ce qui insupportait au plus haut point Lee Ibrahim. Dans son voisinage et à l'école, Lee Murray était l'adolescent que tout le monde évitait. Très jeune, il faisait partie d'un gang. Paul Allen, un complice de longue date, avait fait les 400 coups et Lee Murray s'est retrouvé impliqué dans de nombreuses affaires criminelles, comme la vente des drogues ou la planification de braquages. Lee Ibrahim Murray-Lamrani a été condamné pour la première fois avant même ses 18 ans, pour possession de Marijuana et de cocaïne. Toutefois, ses activités suspectes ne se sont pas arrêtées là, même s'il avait commencé à faire du sport et à prendre au sérieux sa carrière en tant que combattant professionnel de MMA. Combattant professionnel de MMA et braqueur La chaîne de télévision sportive ESPN a consacré un long portrait retraçant le parcours de Lee Murray, qu'elle décrit comme étant très discret. Tout en menant sa carrière de combattant MMA, il avait une double vie et participait de temps en temps à des vols. Un journaliste sportif avait assisté à l'un des combats de Murray et a été «mis en garde par l'une des personnes de son équipe de ne pas trop chercher à questionner Lee». Ibrahim Lee Murray avec un masque d'Hannibal lors d'un combat. / Ph. DR Ibrahim Lee Murray parvenait difficilement à vivre des combats. Malgré cela, il a pu acheter une maison dans l'un des quartiers huppés de Londres. «Lee était impliqué dans beaucoup d'affaires qui intéressaient la police», a déclaré à ESPN Mark Epstein, un combattant professionnel de MMA. «J'ai eu beaucoup de temps pour réfléchir à mon passé et me rendre compte de tout ce qui n'allait pas dans ma vie», a déclaré Lee Murray à Elliot Worsell, dans une interview récente. Dans sa cellule à Tifelt, le prisonnier rêve toujours d'atteindre ce rêve envolé une fois qu'il a franchi les portes de la prison. «Je rêve toujours d'être le champion de l'UFC (Ultimate fighting championship, ndlr). Ce rêve ne m'a jamais quitté et m'accompagne à chaque souffle. Ma plus grande déception est que j'aurais pu l'être si je n'avais pas fini en prison.» Ibrahim Lee Murray Le tournant a eu lieu en février 2006. Lee Murray a été condamné à 10 ans de prison suite à son arrestation à Rabat. Il a été accusé d'être le cerveau d'un des plus gros braquages en Angleterre. En 2010, un article du quotidien britannique The Guardian a annoncé qu'Ibrahim Murray «avait fui en Afrique du Nord, quatre jours après que le gang a réussi à dérober 53 millions de livres sterling (près de 78 millions d'euros) dans un dépôt Securitas à Tonbridge, dans le Kent en 2006.» Déterminé de se battre à nouveau Grâce à sa nationalité marocaine, Ibrahim Murray a pu éviter l'extradition vers le Royaume-Uni. Le 25 juin 2006, il a été arrêté dans un raid conjoint entre la police marocaine et britannique. «Les enquêteurs du Royaume-Uni ont travaillé en collaboration étroite avec leurs homologues marocains pour s'assurer que Murray ne fuit pas la justice», écrivait The Guardian. Et d'ajouter : «Il a été emprisonné depuis son arrestation dans un centre commercial, plusieurs mois après le raid et avait déjà purgé une peine pour des faits reliés au trafic de drogue.» Quatre ans après son arrestation, le combattant professionnel de MMA a vu sa sentence alourdie, revue ainsi à 25 ans de prison. «Il n'y a pas de bonheur là où je suis», déclare-t-il pour décrire la prison de Tifelt. «Mais on peut dire que je suis heureux d'être toujours en vie (…) Plusieurs fois je me suis retrouvé assis dans une cellule près de personnes condamnées à perpétuité. C'est à ce moment-là que ton problème te paraît vraiment petit, face à ce que vivent d'autres personnes», ajoute le prisonnier. Ph. DR Ibrahim Murray semble malgré tout voir le bout du tunnel. Il veut se remettre en selle une fois sorti de prison. Pour décrire une journée typique, il raconte, empli d'espoir : «Je ne peux pas vous décrire une journée type dans ma vie. Peut-être qu'un jour, je serai capable de répondre à cette question. Vous allez en être tellement surpris que vous vous diriez : 'Mais comment a-t-il pu faire ça ?'»