Le ministre du Travail et de l'insertion professionnelle était, ce mardi, l'invité de la Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentations pour évoquer le Huelva Gate. Mohamed Yatim affirme qu'il ne s'agit que de «cas très isolés» qui concernent aussi des saisonnières étrangères. Plusieurs semaines après avoir démenti catégoriquement l'existence de cas d'agressions sexuelles présumées sur des saisonnières marocaines travaillant dans la cueillette de fraises à Huelva (sud-ouest de l'Espagne), Mohamed Yatim rétropédale, préférant évoquer seulement «des cas d'agression». Intervenant ce mardi à la Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants, le ministre du Travail et de l'insertion professionnelle a déclaré devant des médias qu'«entre 10 à 12 ouvrières marocaines ont été victimes de tentatives de harcèlement» mais que cela constitue des «cas très isolés et concernent aussi des saisonnières étrangères». «12 cas de tentatives d'agressions enregistrés», déclare Yatim Mohamed Yatim a également rappelé sa rencontre avec l'ambassadeur d'Espagne au Maroc, lundi 18 juin à Rabat. L'occasion pour lui de vanter l'efficacité et la rigueur de la justice et du système politique en Espagne. «En Espagne, si des cas d'agressions présumées s'avèrent fondés, la justice sera faite», lance-t-il aux journalistes avant de rappeler que les employeurs espagnols «craignent aussi pour leur réputation». Tout en insistant sur le fait que les plaintes déposées par des saisonnières marocaines en Espagne peuvent concerner des faits «exacts ou inexacts», le ministre du Travail et de l'insertion professionnelle a marqué une pause pour rappeler qu'une «pétition a été lancée par 140 saisonnières marocaines qui dénoncent leurs consœurs et affirment ne pas avoir été victimes d'agressions sexuelles présumées». Huelva Gate, un scandale révélé par la presse A la fin, Mohamed Yatim paraphrase le tout premier communiqué de son département quant à cette affaire, appelant les médias à la «vigilance». Il se rattrape ensuite pour préciser que les informations relayées par les médias sont «prises en compte par les responsables gouvernementaux». Au sein de la Commission des secteurs sociaux, le ministre PJDiste a dit aux députés que sur 800 Marocaines interrogées par la Garde civile espagnole, «12 cas de tentatives d'agressions ont été enregistrés». «Des cas dont seraient responsables 7 personnes dont quatre Marocains et trois Espagnols», rapporte l'agence MAP. Il a aussi rappelé que deux personnes ont été arrêtées puis relâchées jusqu'à la fin de la procédure en cours. Le ministère a enfin souligné «la volonté des autorités marocaines et espagnoles de continuer à suivre les enquêtes en cours au sujet des harcèlements présumés de certaines contre les saisonnières, et traiter leurs résultats avec une responsabilité complète». Huelva Gate : Face aux scandales, les pirouettes de com' de Mohamed Yatim Une mission parlementaire d'information prochainement Contacté par Yabiladi ce mardi, le député parlementaire Mustapha Chennaoui rappelle qu'il «y a eu des interventions des députés et des groupes parlementaires». Ces derniers ont «alerté sur la gravité de la situation et des conditions de travail des saisonnières marocaines en Espagne, affirmant que l'opération en elle-même a connu beaucoup de problèmes et n'a pas reçu les garanties et le suivi promis par les autorités», poursuit le député de la Fédération de la gauche démocratique (FGD). «Les parlementaires ont également rappelé la mobilisation des syndicats et associations espagnols pour ces femmes, qui ont dénoncé ce que ces Marocaines subissent là-bas, dont des agressions sexuelles présumées». «Le ministre continue de nier l'existence de cas d'agressions sexuelles, tout en minimisant les cas. Il a dit que parmi les 16 000 Marocaines parties, seuls 12 cas ont été enregistrés. Le ministre a aussi estimé que l'affaire a été grossie et que les conditions répondent aux engagements des autorités espagnoles et aux normes. Il nous a même montré des photos de femmes marocaines hébergées en Espagne dans de bonnes conditions alors que les informations rapportées par la presse espagnole font état de conditions déplorables et d'agressions sexuelles présumées. Il faut reconnaître cela et ne pas le nier.» Mustapha Chennaoui Pour notre interlocuteur, «le ministre a promis qu'un suivi et de nouvelles conditions seront instaurées et que son département va même procéder à des formations de ces femmes». «Mais ce ne sont que des promesses et rien n'est sûr», nous confie-t-il. Huelva Gate : Comprendre la vulnérabilité des saisonnières marocaines en Espagne Le député parlementaire rappelle aussi que la Commission des secteurs sociaux a demandé à ce qu'une mission parlementaire d'informations soit constituée pour «revoir ce dossier depuis les sélections, les conditions et les démarches effectuées par l'ANAPEC jusqu'à l'arrivée de ces Marocaines en Espagne». «Il est possible que cette mission soit constituée prochainement afin qu'elle puisse mettre cette affaire sous les projecteurs», conclut-il.