Le HCP a publié hier une note indiquant que les prix des carburants avaient augmenté de 9,1% en moyenne depuis la libéralisation. Il rappelle que cette augmentation est avant tout liée à l'augmentation des prix des carburants sur les marchés mondiaux. Le tohu-bohu médiatique lié à l'amputation du rapport de la mission d'information parlementaire présidée par le député Abdellah Bouanou sur les prix des carburants, présenté le 15 mai dernier, a laissé penser que la hausse des prix des carburants depuis leur libéralisation totale est uniquement liée à l'appât du gain des distributeurs. Le Haut-Commissariat au plan (HCP), dans une note intitulée «Les Brefs du Plan n°1» et rendue publique lundi 19 juin, rappelle qu'en réalité, si les prix des carburants ont bien augmenté de 9,1% depuis leur libéralisation (+42% pour le gasoil passant de 7 dirhams pour le gasoil début 2016 à 10 dirhams fin mai dernier), c'est avant tout à cause de l'augmentation des prix du brut sur les marchés mondiaux.
Plus le coefficient est proche de 1, plus la courbe des prix de vente des carburants au Maroc suit de près celle du cours du Brent, du nom d'un gisement pétrolier découvert en 1971 en mer du Nord au large d'Aberdeen, en Ecosse. «Les hausses et les baisses des prix (et non pas seulement les hausses, contrairement au soupçon qui pèse toujours sur les distributeurs, ndlr) du raffiné importé sont répercutées sur les prix interne à la pompe, avec un décalage de 15 jours, mais cependant pas avec la même ampleur. Ce décalage tient compte du temps nécessaire pour le transport, le stockage et la distribution. Les baisses et les hausses des cours des produits raffinés ne se répercutent pas exactement sur les prix à la pompe», a constaté le HCP. Ce phénomène, associé aux stratégies propres aux distributeurs, a eu pour effet de lisser les fortes variations du prix des carburants. L'augmentation des prix des carburants au Maroc est donc avant tout causée par l'augmentation des cours du pétrole brut sur les marchés mondiaux, où les distributeurs se fournissent eux-mêmes. Cela n'empêche pas, cependant, qu'une partie de cette hausse soit liée à l'augmentation de la marge des distributeurs, comme l'affirmait la première version du rapport parlementaire sur les prix des carburants. Il avait comparé les prix affichés par les distributeurs à ceux qu'ils auraient affiché si les prix avaient continué à être indexés sur les prix mondiaux comme ils l'étaient, juste avant la libéralisation, entre janvier et décembre 2015 pour le gasoil, et entre février 2014 et décembre 2015 pour l'essence super. Du 1er novembre 2015 au 2 novembre 2017 (période de libéralisation) ; comparaison des prix moyens du Super Carburant à la pompe (en bleu) et les prix moyens calculés par l'Etat en fonction des cours du brut selon la méthode de calcul (en rouge), qu'il a d'abord utilisé pendant des années pour déterminer le montant des subventions à accorder aux distributeurs, puis pour fixer les prix annexés sur les cours mondiaux. De fait, cette méthode de calcul permettait aux distributeurs d'être rentables, sans quoi ils n'auraient jamais survécu aussi longtemps au système de prix subventionnés. Le graphique, ainsi que celui ci-dessous, est tiré de la version du 10 mai 2018 du rapport parlementaire sur les prix des carburants. Du 1er décembre 2015 au 2 novembre 2017 (période de libéralisation) ; comparaison des prix moyens du Gasoil à la pompe (en bleu) et les prix moyens calculés par l'Etat en fonction des cours du brut selon la même méthode de calcul (en rouge). Une hausse limitée Quoi qu'il en soit, la hausse, bien réelle, des prix des carburants est restée limitée. Les prix à la pompe de l'essence depuis début 2016 sont toujours restés en dessous du prix subventionné le plus haut pratiqué par l'Etat. Mi-septembre 2013, l'Etat avait en effet augmenté le prix public de l'essence à 12,77 dirhams le litre pour réduire sa subvention aux distributeurs dans un contexte de baisse progressive des cours mondiaux. Le prix à la pompe au Maroc est toujours resté en deçà en deux ans et demi de libéralisation. Le constat pour le gasoil est presque le même : en décembre 2014, juste avant que l'Etat ne décide d'annexer son prix aux cours internationaux, les prix subventionnés sont fixés à 9,70 dirhams le litre. Les prix flirtent aujourd'hui avec cette limite sans la dépasser de plus de quelques centimes. La prochaine hausse brutale des prix du brut mettra donc à l'épreuve un système libéralisé déjà passé sous le feu des critiques.