C'est une évidence, les relations entre le Maroc et l'Espagne ne sont pas toujours des meilleurs. Le plus banal des incidents peut provoquer une crise diplomatique entre ces deux royaumes voisins. Des relations fragiles que la presse espagnole ne manque jamais d'envenimer. Et ce, dans le mépris total des plus élémentaires règles éthiques et déontologiques du journalisme. Cette histoire de fausses déclarations attribuées au ministre marocain de la Culture en est la dernière preuve. Rabat et Madrid ont rarement l'occasion de profiter des beaux temps succèdant aux nombreux orages qui s'abattent sur leur champ diplomatique. A chaque fois, les tourbillons politico-médtiaques reviennent très vite pour gâcher la fête. Si le parti Popular est connu pour ses positions hostiles au Maroc, de nombreux médias espagnoles jouent le rôle du pompier-pyromane. Tout juste après le démantèlement du camp de Gdim Izik, les médias du voisin ibérique s'étaient distingués par la publication de fausses informations, notamment de photos d'enfants palestiniens présentés comme victimes de sévices des forces sécuritaires marocaines. Face à l'indignation suscitée par la manœuvre, on pensait que la leçon a été comprise. Mais tel n'est pas encore le cas. Après des mois d'accalmie entre les deux royaumes, marqués notamment par la prise de fonction des ambassadeurs des deux pays, et des messages fréquents que s'adressent les deux monarques, nos confrères du Nord ont visiblement jugé utile de siffler la fin de la récréation. Le 5 août dernier, des portails d'information font dire à Bensalem Himmich, le ministre marocain de la Culture que le royaume réclamait le partage des recettes générées par l'Alhambra. Ce grand site touristique situé à Grenade témoigne encore de l'épopée musulmane en Andalousie et dans la péninsule ibérique en général. Milieux hostiles au Maroc ? L'info, lâchée d'abord par un site d'extrême droite puis relayé par Guin Guin Bali pour se répandre très vite. Europa Press, El Mundo et bien des titres de la presse espagnole en faisaient leur régal. Le plus drôle dans cette histoire est que les sites espagnols mis en cause, citent un portail d'information marocain, Nador City alors que ses responsables démentent avoir publié une interview de Himmich. Les propos «imaginaires» de ce dernier, non confirmés par l'ambassade d'Espagne à Rabat, ni par le ministère espagnol des Affaires étrangères, sont catégoriquement rejetés par la représentation marocaine dans le royaume de Juan Carlos. Finalement, on se rend compte que tout était faux. Seulement, les règles éthiques et déontologiques du journalisme ont encore une fois été bafouées lors de la divulgation de cette information qui allait certainement faire beaucoup de bruit. Les grandes publications espagnoles ont très vite pris pour argent comptant ce «scoop» venu de sources qui sont encore très loin d'être des références. Mais le problème est plus profond. Dès qu'il s'agit de sujets en relation avec le royaume du Sud méditerranéen, l'imprudence s'érige en règle. Avec cette histoire, on ne peut qu'accorder davantage de crédit au porte parole du gouvernement marocain, lorsqu'il affirme que certains «milieux [espagnols] font tout pour empoisonner les relations entre le Maroc et l'Espagne».