Après la ville de Marseille, c'est au tour de Toulouse de s'offrir son collège musulman. Ce nouveau temple du savoir s'appelle Alif – la première lettre de l'alphabet arabe - et ouvrira ses portes à la fin de ce ramadan pour devenir, du coup, le septième collège musulman de l'Hexagone. C'est une annonce faite aujourd'hui par le site d'information français Saphirnews.com. Alif est le fruit d'un projet initié par l'association du même nom et qui a du attendre plusieurs années avant de se voir finalement concrétisé. Le collège privé est implanté dans le quartier populaire du Mirail, à quelques encablures de l'université Toulouse II – Le Mirail. Ainsi, « une salle informatique tout équipée, quatre salles de cours, plusieurs bureaux administratifs et pédagogiques et un grand gymnase de 150 m2 » - qui peut se transformer en « salle de prière et occasionnellement en cours de récréation » - seront à la disposition des élèves, d'après les déclarations sur Saphirnews du principal du collège, Abdelfattah Rahhaoui. Côté effectif, ce dernier affirme que les locaux du collège accueilleront, juste après l'Aïd El Fitr (Fête marquant la fin du ramadan), « une quarantaine d'élèves de la 6e à la 3e et une vingtaine de professeurs rémunérés grâce aux dons de la communauté musulmane » Mais pour arriver à ce résultat, il a fallu une longue attente qui a commencé depuis 2003. L'école a déjà connu une histoire. En Mars 2004, une loi est adoptée à l'hémicycle français interdisant le port du voile en milieu scolaire sur tout le territoire. Une mesure, si l'on se rappelle bien, qui avait secoué la France à coups de manifestations de colère et de contestations de la part des musulmans de France et même de l'étranger. Des idées de création d'écoles musulmanes commençaient ensuite à germer ici et là. Au même moment, dans la commune de Toulouse, est née dans l'anonymat une petite association, Alif. Abdelfattah Rahhaoui se rappelle : « le problème de l'exclusion des filles voilées nous a encouragés à conduire ce projet », en parlant du collège musulman qui portera le nom de l'association. La gestation du projet fut difficile dès le début. L'association ne disposait pas d'assez de moyens. Elle décida alors de s'investir dans l'accompagnement scolaire avec des cours par correspondance. Elle parvient à inscrire 24 élèves à ces cours. « Les familles envoyaient simplement une déclaration à l'inspection d'académie puis pouvaient déléguer l'enseignement aux structures compétentes qu'elles souhaitaient, entre autres nous », explique Rahhaoui. Mais le rectorat de Toulouse en décida autrement. Ce dernier dit niet au projet de cours à distance, et entraîne l'association devant les tribunaux en l'accusant « d'ouverture illégale » d'un établissement scolaire à caractère privé, sans autorisation préalable. L'association fut contrainte, par décision de justice, « d'ouvrir l'établissement en un mois, ce qui est difficilement faisable » et de verser une amende de 800 euros. C'est à la suite de ces multiples péripéties que le collège a vu finalement le jour : « ce n'est que lorsque les médias se sont emparés de l'affaire que le rectorat a baissé les bras, en nous autorisant l'ouverture du collège». A l'image des 6 autres collèges du genre en France, Alif dispensera le programme du ministère de l'Education nationale et des cours de religion qui, eux, seront facultatifs. Les frais de scolarité sont pour le moment fixés à 90 euros mensuel par élève. Et Alif est loin de vouloir s'en arrêter là. En effet, « Il est prévu de faire des extensions dans le but d'ouvrir une école primaire l'an prochain et un lycée dans les années à venir », annonce Rahhaoui.