Une décision du Conseil belge du contentieux des réfugiés provoque une levée de boucliers du parti Mouvement réformateur. Un député de cette formation de la droite (et du centre-droit) trouve «inacceptable» que ce Conseil puisse accorder le statut de refugié à un Marocain déjà emprisonné dans le pays pour terrorisme. En 2006, un Marocain soupçonné d'être lié aux attentats de Madrid en 2004 est condamné en Belgique à 6 ans de prison pour l'envoi de combattants en Irak et appartenance à «un groupe terroriste». Après avoir purgé sa peine, il formule une demande pour pouvoir bénéficier du statut de refugié, craignant de subir des tortures une fois de retour dans son pays d'origine. Victime de son passé, il se voit refusé ce statut à plusieurs reprises par le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) qui le considère comme un terroriste. L'intéressé ne baisse pas les bras non plus et poursuit ses tentatives jusqu'à obtenir gain de cause auprès du Conseil du contentieux à l'issue de 16 mois de procédure. Cette instance qui avait opposé son véto à toutes les précédentes décisions du CGRA lui a finalement accordé ce statut le mois dernier. «Le Conseil du contentieux des réfugiés a simplement mis en œuvre et respecte la jurisprudence européenne», commente son avocat Me Christophe Marchand. «Rentrée chaude» Une victoire donc pour cet avocat et son client marocain, en attendant l'issue du recours en cassation introduit par le CGRA auprès du Conseil d'Etat. Mais sur le champ politique belge, cette décision est jugée «incompréhensible» par le député du Mouvement Réformateur (MR), Denis Ducarme. Ce dernier avait notamment initié la proposition de loi pour l'interdiction du port du voile intégral dans les lieux publics en Belgique. «Un ex-terroriste ne peut pas obtenir le statut de réfugié en Belgique. Ce n'est pas tenable à l'intérieur du pays, mais aussi envers nos partenaires étrangers» s'insurge l'élu du MR, pour qui «la Belgique ne peut être un havre de paix pour d'anciens terroristes». Le député de cette formation francophone de droite appelle le secrétaire d'Etat en charge de l'Asile, à réagir contre cette décision. Si rien n'est fait prévient-il, la rentrée politique sera «chaude» en commission parlementaire.