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Maroc : Soupçons de corruption dans une affaire de pédophile à Taourirt
Publié dans Yabiladi le 08 - 05 - 2018

Deux semaines après les révélations, un homme impliqué dans une affaire de pédophilie a été remis en liberté suite à la fin de sa garde à vue. La victime présumée, un enfant de sa famille âgé de sept ans, souffre encore de séquelles, camouflées par des rapports médicaux qui se contredisent.
Dans un village de la province de Taourirt (Oriental), un homme de la soixantaine, soupçonné de pédophilie, a pu échapper à l'incarcération avant que l'affaire ne soit portée devant le tribunal de première instance de la ville. Le 2 mai dernier, une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux, où la mère de la victime présumée témoigne des abus dont son enfant de sept ans a fait l'objet de manière répétitive.
L'affaire qui devait découler sur une prise en charge thérapeutique, parallèlement aux poursuites intentées contre le prévenu, a subi un curieux rebondissement. Contacté par Yabiladi, Abdelmajid Driouch, cousin de la victime présumée, nous confie que les faits ont été révélés au hasard d'une conversation entre l'enfant et sa mère.
«Un jour, elle a fait remarquer à son fils qu'il ne devait plus passer trop de temps dehors et que les enfants de son âge ne restaient pas aussi longtemps hors de chez eux, lorsqu'ils ne sont pas à l'école. C'est alors qu'il lui a confié pourquoi l'homme en question, qui est un proche, venait le récupérer régulièrement. Il lui a affirmé avoir été l'objet de violences sexuelles récurrentes, tout en lui indiquant le lieu des faits, à quelques mètres de la maison.»
Alors que l'enfant se rappelle de tous les détails des agressions répétées et des lieux où elles se produisaient, l'homme nie les faits auprès de la gendarmerie. Son cousin est hors de lui : «C'est un enfant de sept ans qui n'a pas la mémoire courte. Il raconte la même version et reprend les mêmes détails auprès de toutes les personnes qui lui demandent ce qui s'est passé. Or, la gendarmerie a choisi de croire sur parole l'homme qui se contentait de réfuter les faits lui étant reprochés.»
Soupçons de corruption
Ce déni est allé jusqu'à la production d'un certificat médical attestant que l'enfant ne présente aucune séquelle, alors qu'un premier rapport a confirmé les récits sordides de l'enfant, appuyés, depuis hier, par le rapport d'une psychiatre. Abdelmajid Driouch dit ne pas avoir assisté à une éventuelle transaction, mais il soupçonne, comme d'autres habitants du village, la corruption d'un gendarme par le prévenu, en échange de sa remise en liberté. «Au début, tout a été fait dans les règles», nous explique le jeune homme.
«Lorsque la plainte a été enregistrée, un gendarme a accompagné l'enfant chez une médecin à l'hôpital. Son rapport confirme la présence de traces d'agressions sexuelles. Ensuite, sans que nous ne sachions exactement pourquoi, un médecin assermenté a été contacté par le même gendarme. Un nouveau certificat médical attestant de l'absence de séquelles a été formulé. C'est ce document-là qui a été joint au dossier parvenu au Parquet et après quoi, le suspect a été relâché.»
Relâché et entièrement libre de ses mouvements, l'homme qui fait partie du voisinage de l'enfant est revenu vivre à quelques mètres d'elle. Aucun mécanisme préventif de protection n'a été proposé à l'enfant, d'où la décision du cousin de prendre les choses en main comme il peut.
«Il est non grata au village car tout le monde est persuadé qu'il a commis les faits. Les gens ont commencé à l'éviter, ont refusé de prier avec lui dans la mosquée… Nous hébergeons actuellement l'enfant et sa mère pour leur éviter de subir d'éventuelles pressions. Entre temps, le suspect a fini par quitter le village, mais il n'est jamais loin.»
Pour sa part, Rachida Moujniba de l'Association Al Amal, active au Centre de protection sociale des femmes et des enfants victimes de violences à Taourirt, est convaincue du versement d'un pot-de-vin au gendarme, également pointé du doigt par la mère de l'enfant. Elle décrit à Yabiladi une situation absurde :
«Nous travaillons en cellule locale pour collaborer avec le tribunal de première instante sur les cas des femmes et des enfants victimes de violences. Il s'agit d'un réseau constitué de médecins auprès de l'hôpital, d'enseignants dans les écoles, de membres de la société civile qui nous avertissent des cas d'agression à prendre en charge tôt, sous la supervision du procureur. C'est donc toute une chaîne. Nous ne comprenons donc pas pourquoi cet enfant a été emmené chez un autre médecin, après qu'une première avait déjà fait son rapport médical en présence d'un gendarme.»
Un certificat accablant
Notre interlocutrice reproche au gendarme d'avoir profité de l'agenda chargé en activités associatives du 1e mai, pour opérer un revirement de situation :
«En pleine Fête de travail, censée être un jour chômé, il a emmené l'enfant chez un autre médecin qui a dressé un rapport selon lequel il n'aurait pas de séquelles. La victime a été gardée à la brigade pendant cinq heures d'affilée, alors qu'elle disait avoir subi des violences sexuelles. On s'est comporté avec elle comme si elle était le bourreau et la brigade ne nous a pas averti de cette convocation. La mère dit même que c'est ce gendarme-là qui a monnayé le deuxième certificat médical, tandis que le concerné la blâmait de 'ne pas garder le silence' et de ne pas lui reconnaître ses 'efforts'.»
Hier, une psychiatre à Oujda a évoqué «des horreurs» en parlant des dessins réalisés par l'enfant, souligne Rachida Moujniba. Elle précise que «son attitude dénote d'un profond traumatisme» et qu'«il doit être pris en charge en urgence pour des soins thérapeutiques de longue durée». Pour elle, «les parents doivent eux-mêmes être accompagnés car, ils sont profondément choqués». Mais en attendant, l'association leur a conseillé d'«éloigner l'enfant du village et de le faire changer de cadre».
«Nous ne sommes ni juges ni gendarmes, mais nous voulons veiller à ce que le procès soit équitable. L'homme en cause a abusé de la confiance des parents pour se faire confier l'enfant, alors qu'ils sont de la même famille et que c'est le numéro deux de la mosquée où nombre de personnes prient dans le village.»
Au total, cinq associations se portent partie civile, dont l'association Al Amal et l'Association marocaine des droits humains (AMDH) à Oujda. Jeudi dernier, un sit-in a été organisé devant le tribunal de Taourirt. Elles attendent de pied ferme l'audience prévue en juin.
Article modifié le 10/05/2018 à 16h46


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