Depuis 2006, l'association «Touche pas à mes enfants» a reçu 360 cas pour la plupart victimes de pédophilie. La présidente, Najia Adib, dresse le bilan de ses actions et fait part de ses revendications. ALM : Vous avez dépassé les tabous en pointant du doigt la pédophilie au Maroc. Quels sont les autres sévices que peut subir un enfant ? Najia Adib : Nous luttons contre tous les genres de préjudices que peut subir un enfant. Nous recevons essentiellement des victimes de pédophilie. Cela dit, nous aidons également les victimes de violence corporelle et matérielle. À titre d'exemple, nous avons reçu récemment une petite fille qui a été torturée par sa mère. Cette dernière la violente sous prétexte qu'elle est incapable d'écrire correctement. Actuellement, la fillette habite chez sa grand-mère de peur qu'elle subisse à nouveau des violences. Il y a un autre cas semblable à celui-ci, dont le procès est en cours. Il s'agit également d'une fille qui subit des agressions de manière permanente par son père. Notre association milite aussi contre le mariage précoce que l'on considère comme une pédophilie légale. Comment soutenez-vous les victimes ? En cas de violence paternelle, nous tenons à établir un contact avec les parents afin de régler les conflits à l'amiable. Pour ce qui est des cas de pédophilie, nous déléguons tout d'abord un avocat bénévole pour suivre l'affaire, puis nous présentons l'enfant au psychiatre et à l'assistante sociale. Nous déployons tous nos efforts afin de gagner la confiance de l'enfant et faire en sorte qu'il puisse oublier toutes les séquelles de cette mauvaise expérience. Pour le premier contact, je commence par me familiariser avec eux, en jouant ou bien en pratiquant des activités comme le dessin. Suite à cela, l'enfant se sent à l'aise et raconte de son plein gré toutes les étapes de l'agression. Ce n'est pas facile d'évoquer cela avec un enfant traumatisé, mais peu à peu il commence à banaliser les choses. Au début, l'enfant souffre de troubles de sommeil, d'anxiété. Après des séances d'écoute et avec les psychiatres, l'enfant finit par surmonter son complexe.
Combien de cas avez-vous reçus jusqu'à présent ? Depuis 2006 à nos jours, l'association a reçu plus de 360 cas dont la majorité sont des victimes de pédophilie. L'un des cas les plus alarmants est celui d'un enfant qui a été violé au point d'être atteint d'une invalidité permanente. Les médecins ont été forcés de lui couper une partie de l'intestin. Le coupable a été condamné à 10 ans de prison ferme. Une peine insuffisante pour cet horrible crime. Selon vous, les peines relatives à ce phénomène sont-elles rigoureuses ? Les peines sont insuffisantes. Nous réclamons des sanctions plus sévères à savoir la perpétuité pour les violeurs. Les audiences doivent se dérouler en privé pour éviter à l'enfant l'obligation de se prononcer devant des inconnus. Il faut aussi annuler les frais que doit payer chaque victime lors de l'ouverture du procès. Cette somme de 500 DH n'est pas à la portée des victimes qui sont issues de milieux défavorisés. Nous revendiquons, également, des sanctions concernant le tourisme sexuel.