Le Polisario jette un nouveau pavé dans la marre. Il demande à l'Union africaine une intervention militaire contre le Maroc. Sentant le vent souffler en sa faveur, le Polisario élève le niveau de ses revendications. Si au début des travaux du 30e sommet de l'Union africaine, tenu fin janvier à Addis-Abeba, le front sollicitait seulement l'organisation des aides humanitaires il passe désormais aux pressions militaires. Lundi après-midi, et depuis Alger, son «ministre des Affaires étrangères», a demandé «une intervention militaire de l'UA au cas où le Maroc refuse la solution pacifique au conflit du Sahara occidental et dans le cas où il rejette les négociations directes, formule envisagée par l'Envoyé spécial des Nations-unies, Horst Köhler», rapporte l'APS. C'est la première fois que le mouvement séparatiste exprime une telle position. Est-ce l'expression d'une nouvelle fuite en avant sans conséquence où le premier pas vers un durcissement, menace de plus en plus récurrenten venant du Polisario ? Une surenchère pour contraindre le Maroc à accorder un rôle à l'UA «Aux termes des dispositions de l'Acte constitutif qui octroie aux Etats membres de l'organisation panafricaine de demander l'intervention militaire pour libérer tout pays agressé, pour libérer son territoire, chacun va tirer à son niveau les conclusions qui s'imposent», a expliqué Mohamed Salem Ould Salek. Le responsable se réfère à l'alinéa j de l'article 4 de la Charte de l'Union africaine. Un texte qui insiste sur le «droit des Etats membres de solliciter l'intervention de l'Union pour restaurer la paix et la sécurité». Néanmoins, le fil entre les rêves d'Ould Salek et la réalité du terrain n'est pas si ténu que laissent entendre les propos du cadre du Polisario formulés depuis la capitale algérienne. L'UA peine en effet à assurer le financement de ses «missions de paix». Que dire alors du lancement d'éventuelles «opérations militaires» et de surcroît contre une des principales puissances militaires en Afrique ? Enfin, quels pays africains s'embarqueraient dans une telle aventure ? Par cette nouvelle surenchère, le Polisario et ses alliés, en Afrique et ailleurs, ambitionnent de contraindre le Maroc à accepter d'accorder un rôle à l'UA dans la résolution du conflit, d'accepter les recommandations du Conseil de paix et de sécurité et d'accepter l'envoyé de l'UA au Sahara occidental, Joaquim Chisano.