Deux semaines après le message de Brahim Ghali adressé à Antonio Guterres sur Guerguerate, le Polisario a remis une lettre à la MINURSO portant sur le même dossier. Le timing du texte est bien calculé. Explications. La direction du Polisario débute l'année 2018 en brandissant de nouveau le dossier Guerguerate, apprend-on d'un média au sein des camps de Tindouf. Dans une lettre remise à la MINURSO, le mouvement séparatite menace de revenir au contexte précédant l'adoption de la résolution 2351, à l'unanimité le 29 avril 2017, par le Conseil de sécurité. Ainsi, Brahim Ghali et les siens n'excluent pas de redéployer leurs milices dans la zone tampon. Le Polisario exige des Nations Unies d' «honorer ses engagements» et «de faire pression sur le Maroc». Il affirme également qu' «il ne restera pas les bras croisées devant les violations commises par le Maroc», un discours en vogue ces derniers jours dans les camps. En témoigne les menaces proférées par le «ministre de la Défense» à l'occasion de l'exercice armé du 25 décembre. Le Polisario conditionne, par ailleurs, la reprise du processus des pourparlers à l' «application» par le royaume de «la légalité internationale au conflit du Sahara occidental» et de «cesser ses violations». Des pourparlers, faut-il le rappeler, sui sont en rade depuis mars 2012. Un timing bien calculé Le timing de cette lettre adressée à la mission de l'ONU est bien calculé. Il intervient presque 48 heures après l'arrivée à Laâyoune du Canadien Colin Stewart pour prendre ses fonctions aux commandes de la MINURSO, suite au départ de sa compatriote Kim Buldoc en République Démocratique du Congo. La publication de quelques extraits du message s'inscrit dans un contexte particulier. Brahim Ghali et les siens ambitionnent de renverser la vapeur en obtenant des concessions lors de l'échéance d'avril prochain et faire oublier les revers subis l'année dernière. En 2017, la direction du Polisario avait été contrainte de retirer ses milices présentes dans la zone tampon de Guerguerate sous peine d'être condamnée par le Conseil de sécurité. Un retrait surprenant alors que des mois durant, elle avait fait la sourde oreille aux appels d'Antonio Guterres pour suivre la démarche d'apaisement acceptée par le Maroc. Pour rappel, dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies mi-décembre, le chef du Polisario affirmait que son mouvement «ne peut accepter et n'acceptera jamais (…) la présence du Maroc dans la zone tampon».