L'hebdomadaire Jeune Afrique a rendu public l'étude d'impact sur l'adhésion du Maroc à la CEDEAO. Le document a surtout rappelé aux chefs d'Etats que le royaume est déjà présent dans la zone par ses investissements, ses banques, ses exportations et ses importations. En cas de la validation de la requête marocaine, le pays pourrait apporter son expérience dans le maintien de paix et la lutte contre les groupes terroristes. Mais, des réserves persistent. Au sommet d'Abuja, l'étude d'impact sur les implications de l'adhésion du Maroc à la CEDEAO a été soumise aux chefs d'Etats. «Elle est globalement positive pour le Maroc, mais soulève un certain nombre de freins et de contraintes, essentiellement liés au décalage entre l'économie marocaine et celle de certains pays de la région», révèle l'hebdomadaire Jeune Afrique. En cas de validation de l'admission du Maroc, «les questions relatives à la liberté de circulation des personnes et des biens, au droit de résidence et d'établissement, la monnaie unique, le tarif extérieur commun de la CEDEAO, ainsi que tous les aspects techniques des futures relations entre la CEDEAO et le Maroc doivent nécessiter un délai de transition en vue de réussir le processus d'intégration», indique l'étude. La question du Sahara, l'autre réserve Face à ces réticences, le royaume «prendra en compte les préoccupations économiques des pays de la zone en leur permettant de protéger leurs secteurs fragiles», assure une source diplomatique à la publication francophone qui avance l'idée d'appliquer une méthode comparable à celle à l'œuvre dans le cadre d'accord d'association entre Maroc-Union européenne. Néanmoins les résèrves dont également d'ordre politique. «En tant que bloc régional, la CEDEAO doit anticiper sur la manière de gérer et résoudre la question du territoire disputé du Sahara occidental, car celle-ci peut provoquer des divisions au sein des Etats membres actuels dans l'hypothèse probable de la validation de l'adhésion du Maroc», souligne l'étude. En effets de puissants membres du groupement régional reconnaissent et entretiennent, depuis des années des relations diplomatiques avec la «RASD», tels le Nigéria et le Ghana où elle bénéficie de soutien non-négligeables de partis et syndicats locaux. Leurs dirigeants souhaiteraient défendre les thèses du Polisario et ainsi redoreraient leurs images auprès de leurs bases. Le Maroc apporterait une stabilité à la zone Sur le plan des apports du Maroc, on souligne dans l'étude, «les capacités militaires, les équipements et les prouesses économiques du Maroc [qui] représenteraient un plus pour les efforts de paix, de sécurité et de stabilité de la région CEDEAO, en particulier dans le domaine des opérations de maintien de la paix, de la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent, de la sécurité maritime et de la médiation des conflit». Des Etats de la CEDEAO sont régulièrement frappés par les attaques terroristes, le Mali et le Nigéria par exemple, d'autres sont menacés par l'expansion du phénomène, surtout si les nouvelles en provenance de la zone sur une éventuelle alliance entre groupes extrémistes armés en réaction à la G5 se confirmaient. L'expérience du Boko-Haram a montré que la CEDEAO n'est pas en mesure à elle seule assurer la sécurité de la zone. Des cartes économiques en main L'étude d'impact rappelle que le «Maroc entretient déjà des relations commerciales avec l'Afrique de l'Ouest, bien que celles-ci soient concentrées dans une poignée de pays et de secteurs. De nouvelles réformes, à l'instar de l'adoption du tarif extérieur commun de la CEDEAO, favoriseront le développement des chaînes de valeur régionales et consolideront l'intégration régionale». Et d'enchainer en annoncant qu' «en 2016, 37,3 % des exportations marocaines vers l'Afrique étaient dirigées vers la CEDEAO». Le royaume «importe de la CEDEAO essentiellement du carburant (55,6 %), des produits manufacturés (27,2 %) et des produits alimentaires (15,4 %)». «Ces importations proviennent surtout du Nigeria, du Togo, de la Côte d'Ivoire, de la Guinée et du Sénégal. Le Maroc exporte vers la CEDEAO, et principalement vers la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Nigeria, des produits manufacturés, des engrais, des matériaux de construction, du papier, des machines, des produits pharmaceutiques, des emballages métalliques et des chaussures.» Fort de ses atouts économiques, le Maroc pourrait favoriser «la stabilité macroéconomique dans la région» et garantir la création de la monnaie unique, affirme l'étude. Une vieille ambition des fondateurs de la CEDEAO qui tarde à se concrétiser.