La participation du roi Mohammed VI au sommet UA-UE conforte davantage la présence du royaume en Afrique. Une décision annoncée alors que le carré des alliés du Polisario réunis au sein de la South African Development Community fait face à des changements, notamment au Zimbabwe et en Angola. Le Maroc a fini par crever l'abcès. Le spectre des «projets du royaume semant la division au sein de l'Union africaine», maintes fois brandi par le Polisario et ses alliés n'a désormais plus lieu d'être. Et pour cause, l'annonce par le cabinet royal de la participation du roi Mohammed VI au sommet UA-UE qui se tiendra les 29 et 30 novembre à Abidjan l'a complètement éclipsé. Une décision pragmatique totalement conforme avec la demande de Rabat d'adhérer sans condition à l'organisation continentale. La présence du chef de l'Etat à la réunion intervient dans une conjoncture politique plutôt favorable au Maroc, d'autant que des bastions du Polisario en Afrique australe connaissent des changements. Cap sur la South African Development Community ? Au Zimbabwe, la sortie par la petite porte de Robert Mugabe permet au Maroc de s'approcher davantage d'un pays-clé dans le tour de table de la South African Development Community (SADC), le groupement régional économique mené par l'Afrique du Sud. Le royaume a déjà tendu la main aux nouveaux dirigeants de Harare. En témoigne le message de félicitations du souverain adressé au président Emmerson Mnangagwa quelques heures seulement après son investiture. Si le Zimbabwe a été au cœur de l'actualité ces dernières semaines, un autre Etat membre de la SADC est lui aussi en train de vivre une «révolution» à l'abri des radars médiatiques. En effet, le nouveau président angolais, Joao Lourenço, présenté avant son élection en août dernier comme le docile successeur de Dos Santos, a fini par montrer ses griffes. Il a lancé une vaste campagne de limogeage à l'encontre de responsables proches de son ancien mentor. La fille de son prédécesseur, 44 ans, n'a pas non plus été épargnée par cette vague. Elle a été démise de ses fonctions à la tête de la société pétrolière étatique Sonangola. Ces changements en Angola, au même titre que ceux opérés au Zimbabwe, sont prometteurs pour le Maroc. Ils ont contraint des présidents séniles, de surcroît farouchement opposés au royaume, à se retirer du pouvoir. Des départs qui augurent nécessairement l'adoption de nouvelles approches économiques et politiques en rupture avec celles préconisées pendant des décennies par Robert Mugabe et José Eduardo Dos Santos, et qui ne soient pas l'otage des restes de la Guerre froide et du Safari Club. De toute évidence, l'ouverture du royaume sur la South African Development Community sera suivie de très près par la Namibie, le Mozambique et l'Afrique du Sud. Un trio qui apporte un appui précieux au Polisario tant en Afrique que sur la scène internationale.