Ce devait être la première comparution devant un tribunal, de femmes portant le voile intégral. Mais l'audience s'est déroulée en l'absence des accusées, au nombre de deux. La première ne s'est pas présentée alors que la seconde a été empêchée d'entrer dans le tribunal, après avoir refusé d'enlever son voile. Le ministère public a requis une amende de 150 euros et un stage de citoyenneté pour chacune d'entre elles. Le tribunal de Meaux rendra sa décision le 22 septembre prochain. Drôle de procès hier, jeudi 16 juin, au tribunal d'instance de Meaux (Seine-et-Marne, Île-de-France). Hind Ahmas et Najet Ait Ali devaient comparaître devant les juges du tribunal pour violation de la loi du 11 octobre 2010, interdisant le port du voile intégral dans les lieux publics. Les deux femmes avaient été interpellées le 5 mai dernier. Si Najet n'a pas été au procès, Hind a répondu présent à la convocation. Seulement, elle n'a pu assister à l'audience, empêchée d'entrer dans le tribunal… pour port de voile intégral ! Seul leur avocat, Me Gilles Devers, était là pour entendre le ministère public requérir une amende de 150 euros et un stage de citoyenneté pour chacune de ses deux clientes. L'avocat, qui rappelle que «c'est la première fois que des femmes verbalisées pour port du niqab sont jugées en France» a reconnu les faits reprochés aux deux femmes mais a plaidé la relaxe : «Oui elles ont violé la loi mais elles se placent sous le droit européen, donc elles ne peuvent pas être condamnées», a-t-il-fait savoir. Le tribunal rendra sa décision le 22 septembre prochain. Recours européen Etant convaincu qu'elle aura raison une fois devant les instances européennes, Hind Ahmas s'est dite «déçue», car elle aurait «aimé avoir l'amende de 150 euros aujourd'hui afin de saisir la cour européenne des droits de l'homme». La femme âgée de 31 ans, mère célibataire d'une fille de 3 ans et qui porte le niqab depuis six années, se dit déterminée et «ne lâchera pas le combat». Elle compte emboiter le pas à un couple de ressortissants français installés en Angleterre qui avait saisi, la semaine dernière, la Cour européenne des droits de l'Homme sur l'illégalité de la loi française. Ce jeudi, une quarantaine de personnes, dont une vingtaine de femmes voilées, étaient venues soutenir les deux femmes verbalisées. Au total, huit infractions pour port du niqab sur la voie publique ont été relevées par la police devant le tribunal. Ces huit femmes recevront elles aussi une convocation pour venir au commissariat de la ville !