Le ministre algérien des Affaires étrangères, Albdelkader Messahel, a accusé vendredi le royaume d'utiliser ces banques pour blanchir l'argent de la drogue en Afrique. Les accusations du ministre ont conduit à une crise diplomatique entre les deux pays voisins. Si une partie de la presse algérienne a embrayé pour justifier les graves accusations du ministre, qu'en est-il vraiment du point du vue de blanchiment d'argent pour les deux pays ? La polémique déclenchée par le ministre des Affaires étrangères algérien, vendredi 20 octobre, se prolonge au niveau médiatique. Si certains médias marocains tombent dans l'invective et les propos insultants à l'égard de Abdelkader Messahel, plusieurs médias algériens tentent de justifier les accusations de blanchiment d'argent de la drogue par le Maroc. Pour ces derniers, c'est une certitude et il n'est absolument pas question de s'interroger sur le laxisme du Maroc en la matière. Endossant le rôle de sapeurs-pompiers, ce front semble pour eux plus simple à négocier que la sortie de route ministérielle sur le classement Doing Business. Pourtant, en matière de blanchiment d'argent, comme en climat des affaires il existe des classements permettant de se faire une idée sur la véracité des certitudes assenées par Abdelkader Messahel. Dans un rapport réalisé par «The Basel Institute for Governance», ou l'institut de Bâle, un centre de compétences indépendant à but non lucratif visant à lutter contre la corruption et d'autres délits financiers : Algérie, Maroc et même Tunisie -Maghreb United- sont malheureusement dans le même paquet au niveau blanchiment d'argent. L'indice de Bâle de 2017 Dans le détails, la dernière version de l'indice «Le 2017 Bâle AML», publiée le 16 août 2017, place le Maroc au 57ème rang sur 149 pays. Quant à l'Algérie, elle se positionne au 54ème rang des pays les plus à risque en matière de blanchiment d'argent. En première position se trouve l'Iran, alors que la Finlande, pays le plus vertueux est 146è. Et 2017 n'étant pas une exception, les données fournies par le rapport annuel confirme que l'Algérie a surclassé le Maroc dans les activités de blanchiment d'argent dans les quatre dernières éditions publiées par l'Institut Basel. En 2016, le Maroc se classait au 80ème rang par rapport à l'Algérie classée 51ème. Le même ordre s'applique à 2015 (Maroc s'est classé 86ème et l'Algérie 41ème), 2014 (Maroc à la 92ème place et l'Algérie 45ème), et 2013 (le Maroc est arrivé au 59ème rang et l'Algérie 39ème). Selon l'Institut de Bâle, l'indice publié depuis 2012 est un moyen de mesurer le risque de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme des pays sur la base de sources publiquement disponibles. Le rapport jugé objectif et neutre est basé sur «14 indicateurs traitant de la réglementation AML/ CFT, de la corruption, des normes financières, de la divulgation politique et de la souveraineté du droit». Verdict : en matière de blanchiment d'argent comme au niveau du climat des affaires, le ministre Abdelkader Messahel a tout faux à l'examen. Peut-être aura-t-il plus de chance au rattrapage ?