L'Institut Mohammed VI de formation des imams, morchidines et morchidates est appelé à accueillir de nouveaux candidats étrangers. Si la vocation première de l'Institut était de former des religieux originaires d'Afrique, le Maroc parie sur l'arrivée croissante d'Européens. Le roi a inauguré ce vendredi le projet d'extension de l'Institut Mohammed VI de formation des Imams, morchidines et morchidates. Réalisé entièrement par le ministère des Affaires islamiques pour un investissement global de 165 millions de dirhams, le troisième pavillon de 10.000 m2 «comprend un espace pédagogique d'une capacité de 640 sièges, un grand amphithéâtre avec 1.100 sièges, et un espace résidentiel de 350 lits», a précisé le ministre dans une allocution devant le souverain. Ahmed Taoufiq a rappelé que le nombre de lauréats de l'Institut en provenance de pays étrangers «a atteint jusqu'à présent, 712 imams et prédicatrices», faisant savoir que 35 imams guinéens, 33 imams français, 107 imams nigérians, 79 imams tchadiens et 37 imams tunisiens avaient bénéficié des formations de courte durée dédiées aux imams qui servent dans les mosquées. Après l'Afrique cap sur l'Europe ? Cette extension tombe à point nommé. S'offre en effet pour le royaume l'opportunité de former des imams européens, désormais une priorité stratégique pour l'ensemble des pays de l'UE. La question a été abordée à l'occasion de la réunion des ministres de l'Intérieur du G6 (France, Allemagne, Pologne, Italie, Royaume-Uni et Espagne) à Séville le 16 octobre. Le Maroc y était représenté par Abdelouafi Laftite. Les Européens sont de plus en plus conscients que la lutte contre les cellules dormantes de Daesh ou d'AQMI ne peut être efficace que par un contrôle rigoureux des messages extrémistes relayés dans les mosquées. Des lieux de culte sont en effet des vecteurs de la propagande des organisations terroristes destinée aux jeunes musulmans. En témoigne l'imam de la mosquée de Ripoll en Catalogne, le Marocain Abdelbaki Es Satty, qui a endoctriné les auteurs des attentats de las Ramblas et Cambrils. L'extension de l'Institut Mohammed VI de formation des Imams, morchidines et morchidates intervient alors que les officiels marocains ne cessent de revendiquer la disposition du royaume à former des imams en provenance de l'Espagne ou ailleurs sur le Vieux continent. Une volonté notamment exprimée par le directeur du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ) dans des déclarations accordée au Financial Times. Abdelhak Al Khayam en avait profité pour couvrir d'éloges le rite malékite en vigueur au royaume.