Le Maroc ne cache plus ses ambitions au Sahel ; il souhaite être un acteur décisif dans la stabilisation de la région. En témoigne sa proposition de former les unités de la force G5 au Sahel, dont l'opérationnalisation accuse du retard. C'est désormais officiel. Le Maroc est disposé à soutenir militairement les pays du G5 composé du Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Un appui qui devrait se traduire par la formation des troupes et la sécurisation des frontières. Cette décision a été annoncée hier à New York par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à l'occasion d'une réunion interministérielle sur le thème de «la sécurité et [du] développement dans une région francophone solidaire». Le royaume confirme ainsi son ambition d'être un acteur dans la stabilisation du Sahel, et aborde ce défi avec confiance. La France, qui parraine le G5, ne voit pas d'objection à attribuer un rôle à Rabat dans la lutte contre les groupes terroristes fortement implantés dans la région. Une proposition qui tombe à point nommé Au terme d'une réunion avec le souverain à Casablanca en juin dernier, le président Emmanuel Macron s'était félicité, lors d'un point de presse, de «la volonté [du Maroc] de coopérer avec la France dans la stratégie qui est la sienne de stabilisation régionale (…) J'ai vu un partenaire [Mohammed VI] concerné et qui a la volonté de participer à nos effort de stabilisation du Sahel». La main tendue du royaume intervient d'ailleurs à point nommé : pendant que Nasser Bourita annonçait la proposition du royaume, se tenait au siège de l'ONU une réunion de haut niveau consacrée au financement des 5 000 soldats du G5. Autour du chef de l'Etat français, se sont réunis le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, un représentant de l'administration Trump et quelques présidents des pays du G5. Faute de ressources pérennes, l'opérationnalisation de la force accuse du retard alors que la menace terroriste s'amplifie. En témoigne l'attaque survenue la semaine dernière ayant fait deux morts dans les rangs de l'armée malienne. Le fonctionnement des 5 000 soldats du G5 nécessite 420 millions d'euros. Tous les membres de la force africaine sont dans l'incapacité d'honorer leurs engagements. La France de Macron, qui ne souhaite pas payer l'addition à elle seule, laisse ainsi au Maroc une réelle opportunité.