Expulsé vendredi par les autorités tunisiennes alors qu'il devait prendre part à une conférence sur la transition démocratique en Tunisie après le printemps arabe, le prince alaouite Moulay Hicham est revenu dimanche sur les dessous de son expulsion. Il déclare ne pas avoir «envie de spéculer» sur les raisons de cet éloignement. En déplacement à Tunis pour y donner une conférence sponsorisée par l'Université de Stanford, le prince Moulay Hicham Alaoui, cousin du roi Mohammed VI, a été expulsé vendredi par les autorités tunisiennes. Deux jours après, celui que les médias marocains surnomment le «Prince rouge» a accordé en exclusivité une interview à Nawaat, un blog tunisien, dans laquelle il revient sur son expulsion de Tunis vers Paris. Il précise d'abord qu'il n'a «pas été arrêté» et raconte le déroulement des événements à l'hôtel où des policiers l'ont approché. «Ils n'ont pas précisé pour quelle raison on m'approchait, mais ils m'ont dit qu'il y avait un problème à résoudre concernant la douane. J'ai répondu que si c'était un problème de douane, il faudrait inspecter ma chambre et mes affaires», confie-t-il au blog tunisien. Le «Prince rouge» raconte ensuite «la fouille qui a suivi», rapportant avoir «insisté pour que le directeur de l'hôtel soit présent afin d'être témoin de tout ce que les officiers de police présents pourraient découvrir, et ce afin d'éviter l'éventuel placement de matériaux suspects dans la chambre ou parmi [ses] affaires». Il détaille ensuite son retour à l'aéroport. «J'ai demandé de monter avec les policiers dans leur véhicule officiel puisque je voulais qu'il soit clair que j'étais officiellement sous leur responsabilité en cas de n'importe quel risque pour ma vie. Les policiers m'ont emmené directement à l'aéroport. Une fois arrivé, le directeur d'Air France m'a informé qu'on lui avait demandé de me réserver une place pour le vol en partance vers Paris.» Une intervention à Doha également annulée ? Moulay Hicham raconte aussi avoir déclaré aux policiers tunisiens qu'il s'agissait d'«une expulsion forcée», réclamant «une explication» et «une documentation officielle confirmant cette déportation et ses raisons légales». Les autorités tunisiennes ont cédé et tamponné son passeport. «Le directeur d'Air France a aussi corroboré le fait qu'on me déportait sans commettre un crime. A ce moment, ils m'ont accompagné à l'avion et je suis parti à Paris», poursuit-il. Toutefois, Moulay Hicham ne fournit pas d'explications sur son expulsion. Aux questions du journaliste sur une éventuelle implication des autorités marocaines, saoudiennes ou émiraties, le «Prince rouge» déclare simplement ne pas avoir «envie de spéculer». Pour sa part, Houssam Oudi, l'un des organisateurs de la conférence, réagissant à l'expulsion de Moulay Hicham, a confié au média Al Hayat basé à Londres qu'il s'agit là «d'un coup dur [porté] à la démocratie tunisienne». Rai Alyaoum, également basé dans la capitale britannique, a informé samedi que le cousin germain du monarque ne devrait pas prendre part à une autre conférence à Doha. «L'intervention du prince à la conférence organisée ce mardi à Doha par l'Institut américain Brookings a été annulée», rapporte-t-il.