La Chambre criminelle près la Cour d'appel d'Al Hoceima a rendu mardi soir son verdict à l'encontre de 9 détenus du Hirak, les condamnant de 1 à 20 ans de prison ferme. Abdessadak Elbouchattaoui, avocat membre du comité de défense du Hirak, pointe du doigt l'absence d'un «procès équitable» pour ces détenus et dénonce les «dysfonctionnements des procédures». La Chambre criminelle près la Cour d'appel d'Al Hoceima a rendu, mardi soir, son verdict à l'encontre de 9 détenus du Hirak. Ceux-ci ont été condamnés de 1 à 20 ans de prison ferme pour notamment l'organisation d'une manifestation non-autorisée, désobéissance et détérioration des biens publics. Sur sa page Facebook, l'activiste du Hirak El Mortada Iamrachen a indiqué mardi soir la liste des 9 détenus du Hirak condamnés. Il s'agit d'Ouadif El Kemmouni, condamné à un an de prison ferme et Chakir El Ayyadi, Said Mrabet et Anouar Majjout, condamnés chacun à deux ans de prison ferme. Abed Benyoussef, Abdelhay Ahaddouch, Farid Ait Amr Ou'Issa et Salah Chaabout, ont été condamnés à trois ans de prison ferme alors que Jamal Oulad Abdenbi a lui écopé de 20 ans de prison ferme. Jamal Oulad Abdenbi, 18ans, condamné à 20 ans de prison ferme Contacté par Yabiladi ce mercredi, maître Abdessadak Elbouchattaoui, membre du comité de défense des détenus du Hirak à Al Hoceima confirme les jugements. «Jamal Oulad Abdenbi a été condamné à 20 ans de prison ferme. Il est accusé d'avoir déclenché le feu dans des biens publics, entre autres», nous déclare-t-il. Nos confrères d'Alyaoum 24 indiquent que Jamal, originaire de Béni Bouayach, est âgé d'à peine 18 ans.
L'avocat rifain nous informe aussi que «dans un autre groupe, d'environ 27 détenus, le jugement a été reporté. Certains se présenteront devant le juge le 5 septembre alors que pour d'autres, le jugement sera rendu le 19 septembre». Mais Abdessadak Elbouchattaoui ne manque pas d'exprimer son étonnement et ses critiques relatifs à ces jugements. «Personnellement, je considère que le fait de condamner un jeune homme à 20 ans de prison ferme comme une décision très sévère. Cela confirme que la justice est tombée encore fois dans le piège de l'approche sécuritaire et s'inscrit dans les violations que connait la région du Rif. La Justice reprend donc le même chemin à travers ces décisions endurcies.» Tout en affirmant l'étonnement du comité de la défense suite à ces jugements, l'avocat rifain compare entre ces décisions et celle prononcée par la justice militaire à l'encontre de certains soldats accusés d'avoir participé au coup d'Etat de Skhirat. «Même dans les années 70, certains ayant participé au coup d'Etat de Skhirat n'ont pas été condamnés à des peines pareilles», lâche-t-il, estimant que «ces 20 ans (de prison ferme, ndlr) ne sont pas justifiées». Abdessadak Elbouchattaoui nous informe que le comité de défense fera appel à ces jugements avant d'expliquer les raisons. «Les droits des détenus et les règles générales d'un procès bafoués» «L'ensemble des détenus est revenu sur les aveux dans les procès-verbaux recueillis lors de leur arrestation. Nous sommes convaincus que ces procès ne sont pas équitables, puisqu'un procès équitable doit remplir un certain nombre de conditions, qui commencent dès l'arrestation de l'accusé», nous explique-t-il. L'avocat affirme que dans le cadre du dossier du Hirak, «lors des arrestations et des enquêtes préliminaires, les droits des détenus et les règles générales d'un procès ont été bafoués». «Le droit des détenus à observer le silence n'est pas respecté, tout comme leur droit de consulter les procès-verbaux. Ils sont aussi obligés, par tous les moyens, de signer ces PV. Tant que les procès sont fondés sur ces PV et qu'il y a différents dysfonctionnements qui entachent la procédure, nous considérons qu'il ne s'agit pas de procès équitables.» Abdessadak Elbouchattaoui explique aussi que «les jugements émanant de la Chambre criminelle de la Cour d'appel ne doivent pas se baser uniquement sur les PV mais sur des enquêtes détaillées». Pour lui, dans ces confitions, «les procès-verbaux ne doivent en aucun cas être considérés comme des preuves à l'encontre des accusés».