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Procès du Hirak : La Cour d'appel distribue 300 ans de prison
Publié dans Les ECO le 28 - 06 - 2018

Les peines prononcées à l'encontre des 53 accusés dans le procès du Hirak à Casablanca suscitent indignation et stupeur. L'onde de choc d'un procès à rebondissements...
316 ans, c'est le chiffre cumulé des peines des 53 accusés dans le procès du Hirak. «Les peines sont sévères», nous déclare Me Said Benhoumani, avocat de la défense, sur le perron de la Cour d'appel de Casablanca, en cette soirée tumultueuse du 26 juin 2018. Du côté de la partie civile, représentée par Me Mohamed Karrout, le satisfecit est affiché. «Ces jugements sont cléments», estime Me Karrout. Ces jugements ferment le premier chapitre d'un procès fleuve démarré en septembre 2017, qui s'est déroulé en cent audiences. «La défense attend la décision des condamnés pour savoir s'ils souhaitent faire appel. Nous disposons d'un délai de 10 jours», explique Me Mohamed Aghnaj, coordinateur de la défense. L'onde de choc de ces jugements donne lieu à des réactions unanimes sur «la sévérité des peines». De l'Initiative civile pour le Rif, animée par Salah El Ouadie, aux membres d'Al Adl Wal Ihssane, les voix s'élèvent pour exprimer la colère face à ces peines et exiger «la libération immédiate des détenus». Une seule voix officielle s'est, pour l'instant, exprimée sur ce sujet; il s'agit de Mustapha Ramid, ministre d'Etat en charge des droits de l'Homme: «Ces jugements n'ont pas été bien accueillis par l'opinion publique, sauf que les décisions de justice sont indiscutables. Dans la phase d'appel, les magistrats en charge du dossier disposent de la compétence et de l'expérience qui dépassent celle de leurs collègues en première instance». En attendant, des sit-in de solidarité se sont tenus hier dans la soirée à Casablanca et Rabat.
53 accusés, 0 acquittement
Mardi 26 juin. 22h20, salle n°7. «Nous sommes heureux que ce procès se termine enfin», nous glisse un policier en charge de la sécurité au tribunal. Parmi les quelques soutiens des détenus présents, l'heure n'était pas du tout à la célébration. Le juge Ali Torchi se présente accompagné de ses deux conseillers. Les mines sont sévères. A contrario, Hakim El Ouardi, représentant du parquet, est détendu, affichant un léger sourire. Me Aghnaj exige la présence des accusés comme le stipule l'article 439 du Code de procédure pénale. Les camarades de Zefzafi n'assistent plus au procès et ont décidé, dès 17h, de regagner la prison locale de Oukacha. Les familles, à une exception près, boycotte le procès depuis un mois. Le juge Torchi est décidé à en finir avec cette phase de première instance. Ces jugements étaient prévisibles, au vu des charges d'accusation et du déroulement de ce procès. Des accusés risquaient la peine capitale, notamment Nasser Zefzafi (39 ans) et Nabil Ahamjik (34 ans), et écopent à l'arrivée d'une peine de 20 ans de réclusion criminelle. Samir Ighid (31 ans) et Wassim Boussati (25 ans) complètent la liste des accusés condamnés à 20 ans de prison ferme. Ils paient cher leur implication présumée dans l'incendie d'un immeuble hébergeant des membres de la Compagnie mobile d'intervention (CMI), faisant partie de la DGSN à Imzouren. Mohamed Bouhouch (21 ans), Zakaria Adahchour (27 ans) et Mohamed Hakki (32 ans) ont écopé de 15 ans de réclusion criminelle. De lourdes peines liées aux mêmes événements d'Imzouren. Sept prisonniers ont écopé d'une peine de 10 ans de prison ferme. Parmi eux, «l'idéologue» du Hirak, Mohamed Jelloul (47 ans), qui a passé un seul mois en liberté entre sa sortie de prison en avril 2017, après avoir purgé une peine de prison de cinq ans dans le cadre d'événements similaires en 2012, et son interpellation en mai 2017. D'autres détenus plus jeunes ont également écopé d'une peine de dix ans. Parmi eux, Salah Lachkam (27 ans), habitant du village de Talaourek, dans la région de Ketama, condamné «pour avoir mis en danger» l'hélicoptère du ministre de l'Intérieur en visite ce village. Bilal Ahabad (20 ans), Karim Amghar (34 ans), Achraf Yakhloufi (31 ans), Omar Bouhrass (23 ans) et Jamal Bouhadou complètent la liste des accusés condamnés à 10 ans de prison. Les détenus condamnés à cinq ans de prison sont au nombre de dix. On compte dans cette catégorie des militants aguerris comme Lahbib Hanoudi (53 ans) et Mohammed Mejjaoui (47 ans) ou encore Jamal Bouhadou (43 ans). Des jeunes, sans expérience politique ou militante, figurent aussi sur la liste: Chaker Makrout (33 ans), Brahim Abkioui (28 ans), Brahim Fahili (31 ans) et Ilyas Hajji (29 ans). La liste des condamnations s'allonge avec neuf accusés condamnés à trois ans de prison ferme. Cette liste compte Ibrahim Bouziane (26 ans), Othmane Bouziane (29 ans), Youssef Hamdioui (34 ans), Abdelhak Saddik (27 ans), Mohamed Naimi (25 ans), Abdelhak Saddik (27 ans), Mohamed Hani (31 ans), Khalid El Baraka (26 ans) et Mohamed Mahdali (35 ans). La plus longue partie de la liste est celle des accusés condamnés à deux ans de prison ferme. Elle compte 18 accusés, dont deux qui étaient poursuivis en liberté provisoire. C'est dans cette liste que la défense regrette la qualification des délits en crimes. La liste est complétée par deux accusés: Zakaria Kaddouri (26 ans), qui était poursuivi en liberté provisoire, qui a été condamné à une année de prison ferme. Un seul détenu échappe à la prison ferme, Abdelmounim Asrihtou (44 ans), également poursuivi en liberté provisoire, qui écope d'une amende de 5.000 DH. Rappelons que les accusés ayant écopé de peines allant de 1 à 10 ans de prison ont été tous condamnés à des amendes de 2.000 DH/chacun. Dans ce jugement en première instance, le tribunal a donné raison à l'Etat, partie civile dans ce dossier sur toute la ligne. Les condamnés auront à débourser un 1 DH symbolique à l'Etat marocain.
Soufiane Al Hani
Comité des familles des détenus politiques du Hirak
Ces jugements iniques ne sont pas une surprise. Depuis la lecture des PV de la BNPJ, nous nous attendions à une telle issue. Nos prisonniers politiques du Hirak du Rif ont été également préparés à de tels jugements. Ces PV ont été considérés comme des textes sacrés, jamais remis en cause par la Cour».
Nabil Benabdellah
SG du PPS
Nous respectons l'indépendance de la justice, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de dire que ces jugements sont extrêmement sévères. Ils ne contribuent pas à créer un climat d'apaisement nécessaire dont le pays a besoin. Nous souhaitons vivement que par les différents moyens de recours possibles, ces jugements soient révisés et apportent ainsi à la vie politique nationale un souffle démocratique nouveau».
Me Abdelatif Ouahbi
Parlementaire PAM
Je suis toujours sous le choc. Est-ce que le Maroc a besoin, en ce moment de peines aussi sévères ? Dès le départ, ce procès a été marqué par des atteintes à l'équité. Nous sommes aussi en train d'étudier toutes les possibilités juridiques pour atténuer la sévérité de ces peines, qui continuent à susciter notre étonnement».
Lourdes sentences aussi pour des journalistes régionaux
La presse régionale du Rif prend un coup de massue. Six journalistes ou journalistes-citoyens actifs dans la presse locale ou animant des pages sur les réseaux sociaux écopent de lourdes peines. Il s'agit de Mohammed Asrihi, directeur de Rif24 (5 ans), Jawad Essabiri, collaborateur du même site (5 ans), Houssine El Idrissi, collaborateur de Rif Press (5 ans) et de Rabii Lablaq, correspondant de Badil (5 ans). Parmi les «net-citoyens», Abdelali Houd, de la web-tv Araghi TV (5 ans), et de Fouad Essaidi, de la page d'informations sur Facebook Aouar TV (3 ans). Dans ce procès, le sort du journaliste Hamid Mahdaoui sera décidé le 28 juin dans la journée.


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