Les plus grandes banques marocaines tendent à une expansion en Afrique. C'est dans ce sens que l'agence de notation Moody's a présenté dans une analyse la manière dont seront affectées Attijariwafa bank, BMCE Bank of Africa et la Banque centrale populaire. Détails. En mai dernier, Fitch Ratings avait pointé du doigt les risques qu'encouraient les banques marocaines quant à leur ambition de s'étendre davantage en Afrique. L'agence de notation financière internationale avait notamment souligné que ceci était un frein à la souveraineté des établissements bancaires, au moins à court terme. Il n'est de secret pour personne que le fer de lance du Maroc aujourd'hui, c'est bien l'ouverture vers l'Afrique. Le continent, considéré par le royaume comme l'avenir, est aussi la priorité des banques marocaines. Et pour cause, investir en Afrique fait partie du plan stratégique adopté par les trois mastodontes du secteur au Maroc, à savoir Attijariwafa bank, BMCE Bank of Africa et la Banque centrale populaire (BCP), partant du principe que les 2/3 des actifs bancaires du Maroc sont attribués à ces trois établissements. Cela dit, selon Moody's, une agence de notation américaine, cette expansion aurait des degrés inégalitaires suivant le profil de chacunes d'entre elles. En effet, d'après une analyse de l'agence publiée le 26 juillet dernier, les trois grands groupes bancaires marocains encourent différents niveaux de risques quant à leur développement sur le continent. Bien que les trois institutions financières aient suivi les mêmes stratégies bancaires universelles, leur profil reste différent et, par conséquent, elles ne feront pas face aux mêmes risques - que chacune gèrera à sa manière, souligne Moody's. Le rapport, intitulé «Attijariwafa bank, BCP, BMCE Bank - Peer comparison - large Moroccan banks expand in Africa with uneven levels of risk absorption buffers» (Attijariwafabank, BCP, BMCE Bank - Comparaison des pairs - Les grandes banques marocaines s'étendent en Afrique avec des niveaux inégaux d'absorption de risque), explique entre autres comment lesdites banques sont différentes en tous points. Trois banques, trois profils différents L'agence entame son évaluation en comparant le profil de chacun des trois groupes. Par exemple, Attijariwafa bank est classé «LT LC deposit rating Ba1, positive, ba3 baseline credit assessment -BCA», tandis que BMCE Bank est classifié «LT LC deposit rating Ba1, stable, b1 BCA». Les comptes de la BCP sont assignés «LT LC deposit rating Ba1, positive, ba3 BCA», déclare Moody's dans le communiqué de presse relatif à ce rapport. Dans ce sens, Attijariwafa bank est la moins exposée aux risques quant à son expansion africaine. L'analyse fait valoir ainsi que le ratio des prêts non productifs de la banque, plus communément appelés «douteux», n'était que de «7% en décembre 2016, contre 7,7% pour la BCP et 8,3% pour la BMCE Bank of Africa.» Sur le volet financement, la BCP reste le leader du trio grâce à son réseau plus déployé que ses pairs, qui lui permet d'accéder à une base de déposants plus élevée. En conséquence, la banque dépend moins du financement de marché que ses concurrents. Moody's ajoute tout de même que BMCE Bank of Africa détient plus d'actifs liquides que les autres. Les trois banques devront donc faire face aux conséquences de ces risques, mais chacune à sa manière compte tenu des divergences qu'elles présentent, selon l'analyse fournie par Moody's. Quid du marché africain ? L'expansion africaine a été lancée par Attijariwafa bank et BMCE Bank. D'après le rapport, sur tous les crédits des banques en Afrique, «les proportions de prêts s'élèvent respectivement à 23% et 25%, tandis que la BCP présente une exposition plus modeste de 12%». En comparant les trois banques, l'étude indique qu'elles ont concentré leurs activités sur les services bancaires aux entreprises. En conséquence, BMCE Bank of Africa a généré «47% de ses revenus bancaires nets en provenance d'Afrique, contre 28% pour Attijariwafa bank et 17% pour la BCP», ce qui a été jugé positif par l'agence de notation. Enfin, toujours pour le marché africain, les différences entre les trois banques divergent également dans le fait que les ratios de bénéfices nets d'Attijariwafa bank sont supérieurs à ceux de ses concurrents, et ce grâce principalement à sa stabilité et à ses coûts d'exploitation plus faibles. En ce sens, Oliver Pannis, analyste et expert en risque-crédit chez Moody's, a déclaré que «les trois banques sont confrontées à des niveaux élevés de prêts problématiques, mais Moody's s'attend à ce que la performance des prêts se stabilise dans les 12 à 18 prochains mois». Pour finir, l'expert explique que les banques vont pouvoir résister après cette période, notamment compte tenu du renforcement de l'économie marocaine, mais aussi par l'étude et l'expertise sur le terrain de leurs filiales, et ce malgré les risques engendrés par les potentielles créances en souffrance. Article modifié le 28/07/2017 à 19h58