Le torchon brûle entre le comité des avocats des détenus du Hirak et la Délégation générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion. Jeudi, celle-ci a diffusé un énième communiqué pour démentir la grève de la faim rapportée par les avocats. Ils viennent tout juste de lui répondre. Le comité des avocats des détenus du Rif et la Délégation générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion (DGAPR) sont à couteaux tirés. Jeudi soir, dans un long communiqué repris par plusieurs médias arabophones à l'instar d'Al Aoual, le comité des avocats a tiré à boulets rouges sur l'administration pénitentiaire, qualifiant son communiqué de «diffamatoire». Les avocats considèrent que les explications de la DGAPR sont «agressives, incitatives et portent atteinte aux tâches et missions de la défense et au droit des détenus à un procès équitable et à une défense indépendante». Les avocats persistent et signent : «Les détenus ont entamé une grève de la faim» A l'origine de cette condamnation, l'épineuse question relative à la grève de la faim entamée par les détenus du Hirak lundi et rompue jeudi 20 juillet, ainsi que le communiqué de la DGAPR sur l'état de Salima Ziani, alias Sylia. «Le comité de défense a été présent lors des audiences de l'enquête avec les dossiers du Hirak du Rif devant la cour d'appel de Casablanca, et affirme à nouveau que les détenus qui ont été consultés ont tous indiqué avoir entamé, lundi 17 juillet, une grève ouverte de la faim.» «Les avocats se disent surpris du communiqué de la Direction de la prison locale Oukacha 1, qui nie la grève de la faim et s'attaque à l'avocate Naima El Guellaf, membre du comité de défense», ajoute le communiqué, avant de fustiger la DGAPR. «L'avocat exerce son métier selon les règles de la profession. La loi lui confère la liberté de choisir la meilleure façon de défendre son client, loin de toute directive des institutions judiciaires ou professionnelles. Comment une institution, pourtant loin de la famille de la justice, peut-elle violer des dispositifs juridiques explicites ? A rappeler que la loi sur la procédure pénale stipule toujours que l'administration pénitentiaire est soumise à la tutelle du ministère de la Justice, ce qui représente un acquis en rupture avec l'ère des prisons secrètes et des centres de détention sous tutelle de l'administration territoriale.» Le comité des avocats insiste ensuite sur les expressions utilisées par la DGAPR dans son communiqué, ajoutant qu'elles constituent «une restriction sur les tâches de la défense et s'ajoute à d'autres restrictions dont souffre la défense lors de l'exercice de ses missions». «Les institutions professionnelles doivent faire face à cette situation selon la législation nationale et conformément aux conventions internationales relatives à la protection de l'indépendance des avocats», conclut le communiqué. Des avocats et leurs instigateurs «impliqués dans un programme de provocation» Jeudi, la DGAPR a démenti, dans un premier communiqué, «les allégations de l'avocate Naima El Guellaf selon lesquelles la détenue Salima Ziani, incarcérée sur fond des événements d'Al Hoceima, a entamé une grève de faim». «La détenue en question n'a, depuis son incarcération, entamé aucune grève de faim et continue toujours de prendre ses repas de manière régulière», indique la DGAPR dans un premier communiqué. «Il s'avère clair, donc, que ces allégations, de nature incendiaire, visent à servir des agendas qui ne relèvent pas de la mission de défense de cette avocate», conclut l'administration pénitentiaire. Dans un deuxième communiqué, l'institution dirigée par Mohamed Salah Tamek revient sur l'enregistrement audio attribué à Nasser Zefzafi, avant d'évoquer la grève de la faim, entre autres. «Les détenus [liés aux] événements d'Al Hoceima n'ont fait aucune annonce concernant une grève de la faim», lit-on au début du communiqué. «Malgré cela, certains avocats diffusent sur des sites électroniques acolytes des allégations mensongères, prétendant que les détenus ont entamé et continuent à observer une grève de la faim. Cela prouve clairement que l'intention de ces parties est détournée de la vérité et de la réalité effective des détenus concernés au sein de l'établissement, par la quête d'objectifs et d'agendas suspects.» La DGAPR estime que ces parties «ont persisté dans leur attitude et sont allées jusqu'à diffuser un enregistrement vocal, prétendant qu'il a été réalisé à l'intérieur de l'établissement». «Ces avocats et leurs instigateurs sont impliqués dans un programme de provocation visant à attiser la situation dans la région, même au dépit de la déontologie et de l'intérêt des détenus», conclut-elle.