Sollicité par un collectif d'ONG pour une intervention en faveur des détenus du Hirak, Emmanuel Macron a écarté hier une «volonté de répression» de la part des autorités marocaines dans le Rif. Un soutien qui ne surprend pas. Les chefs d'Etat français ont toujours apporté un appui à leurs homologues maghrébins lorsque ces derniers étaient confrontés à des problèmes internes. Au Maroc, Emmanuel Macron s'est totalement inscrit dans cette lignée, initiée depuis des années par ses prédécesseurs. Le président, en réponse à la question d'un journaliste français sur le mouvement de contestation à Al Hoceima, a déclaré que le roi Mohammed VI est «préoccupé par le sort de cette région qui lui est chère», saluant au passage la volonté du souverain d'«apaiser la situation» dans le Rif. Macron a «senti» que «le roi a considéré qu'il était légitime qu'il y ait des manifestations, qui sont d'ailleurs prévues dans le cadre d'un droit constitutionnel». Et d'ajouter que «la discussion que nous avons eue ne me donne pas lieu de craindre une volonté de répression quelle qu'elle soit, mais plutôt une réponse dans la durée et sur les causes profondes de ce qui est advenu». Chirac livrait un blanc-seing à Ben Ali et Hollande saluait la «grande maîtrise» de Bouteflika Des propos qui ne devraient guère satisfaire le collectif d'associations qui a sollicité, dans une lettre ouverte au président français, son intervention en faveur du Hirak d'Al Hoceima. Le message insistait surtout sur une «vague de répression, accompagnée par des arrestations massives». Seulement, avec les Etats maghrébins, la realpolitik a toujours fini par l'emporter sur des considérations droit-de-l'hommistes. Macron n'a pas fait exception à la règle. Bien avant lui, en décembre 2003, Jacques Chirac avait déclaré lors d'une conférence de presse dans le cadre d'une visite en Tunisie, que «le premier des droits de l'homme c'est de manger, d'être soigné, de recevoir une éducation et d'avoir un habitat. De ce point de vue, il faut bien reconnaître que la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays». Une version particulière de la Déclaration universelle des droits de l'Homme des Nations unies qui avait en son temps choqué les ONG et les politiques de gauche. Douze ans plus tard, un président issu de la gauche se trouvait confronté à une question délicate sur l'état de santé du président algérien. Sans la moindre hésitation, François Hollande avait affirmé que «le président Bouteflika [lui] a donné une impression de grande maîtrise intellectuelle. C'est rare de rencontrer un chef d'Etat qui a cette alacrité, cette capacité de jugement». Emmanuel Macron ne devrait pas dire le contraire si la même question lui est posée lors de son prochain voyage à Alger.