Après la primaire de la Droite et du Centre, voici venu le tour du casting de la Gauche. Avec la volatilité de l'électorat, il faut s'attendre aux surprises les plus imprévisibles car s'il y a quinze jours quatre-vingt deux pour cent des Français étaient favorables à une candidature de François Hollande et quatre pour cent seulement contre, vendredi dernier, quatre-vingt deux pour cent étaient satisfaits du renoncement de François Hollande et quatre pour cent, encore et justement, regrettaient cette décision. On assiste avant tout à une guerre d'ego entre président en exercice et Premier ministre, voire même ceux qui ont des projets pour la présidentielle et le problème est qu'il n'est absolument plus question de choix idéologiques ou de programme politique et d'orientations économiques et sociales. Les tensions et rivalités entre président et Premier ministre sont une affaire courante dans l'Histoire de la cinquième république. En mai 68, c'est Georges Pompidou alors Premier ministre qui se retrouve au devant de la scène car son président préfère rester à l'étranger, et il trouvera naturellement son chemin vers l'Elysée. Dans les années soixante-dix, Jacques Chirac se dit bridé par le président Valéry Giscard d'Estaing et finit par démissionner avant de devenir président quelques années plus tard. Puis, dans les années quatre-vingt, c'est au tour de Michel Rocard et de François Mitterrand de confronter leurs ambitions alors que tous deux étaient rivaux pour l'investiture socialiste. L'Histoire est un éternel recommencement et François Fillon, Premier ministre sous Sarkozy, trace son chemin vers l'Elysée alors que l'ex- président était presque jeté vulgairement lors de la récente primaire de la Droite et du Centre. Aujourd'hui encore, les ambitions de François Hollande et de son Premier ministre Manuel Valls risquaient de se croiser sauf que le président français a décidé d'éviter le piège d'une primaire socialiste. C'est ainsi, le Premier ministre en exercice qui continue son chemin tandis que le président en place qui jette l'éponge car il n'aurait jamais supporté l'affront de perdre la primaire tout en ayant deux ou trois mois comme locataire de l'Elysée. François Hollande, très impopulaire, avait annoncé jeudi dernier qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat en 2017, lors d'une solennelle allocution télévisée. "Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche comme la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d'elle. Aussi, j'ai décidé de ne pas être candidat à l'élection présidentielle", a annoncé, la voix blanche, François Hollande lors d'une allocution prononcée jeudi dernier à l'Elysée. Elu en 2012 face à Nicolas Sarkozy, François Hollande, 62 ans, devient le premier président français à renoncer à briguer à sa succession depuis 1958, exception faite de Georges Pompidou, décédé en fonction en 1974. Les sondages étaient très défavorables à François Hollande, tombé à moins de 10% d'intentions de vote au premier tour de la présidentielle. Et l'incertitude autour de sa décision de se représenter ou pas avait suscité plusieurs candidatures alternatives à gauche. Le président socialiste avait rencontré ces derniers mois de fortes oppositions dans son propre camp, en particulier début 2016 autour d'un projet de réforme du Code du travail, qui a jeté des milliers de manifestants dans les rues. Son mandat, marqué par plusieurs opérations militaires extérieures (Mali, Centrafrique, Irak, Syrie), a aussi été celui des pires attentats commis en France depuis la Libération (238 morts): Charlie Hebdo, 13 novembre 2015, à Paris et à Saint-Denis et Nice, le 14 juillet dernier. Dans la classe politique de France aujourd'hui, il y a les nationalistes qui se croient plus patriotes que les autres comme Marine Le Pen, les Européens et la mondialisation. Dans une France en crise et en quête de repères et de certitudes, dans une Europe en proie aux vieux démons de l'extrémisme, au spectre de la récession et à la hantise des crises migratoires, dans un monde déchiré par les guerres et les bouleversements majeurs, un parti comme le PS est condamné à réussir son aggiornamento dans un contexte très compliqué avec l'ardoise de François Hollande qu'il faudra absolument effacer et le passif d'Emanuel Macron, ancien ministre socialiste de l'Economie, qui est également candidat aux primaires hors PS. Mais dans un pays où les hommes politiques sont très doués pour mettre les Français les uns contre les autres, on a bien vu que le téléthon de samedi dernier a réussi à mettre les Français les uns avec les autres.