Mardi, Akhbar Alyaoum révélait que Fouad Ali El Himma a rendu visite secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane pour parler du Hirak du Rif. Mardi soir, le Conseiller du roi n'a pas manqué de préciser le cadre de sa réunion avec l'ancien chef du gouvernement. Pour Mohammed Ennaji, «la visite en question n'est pas seulement une visite de politesse». La visite du Conseiller royal à l'ancien Chef de gouvernement Benkirane, est du plus haut intérêt pour tout observateur avisé. Les démentis attribués au Conseiller, concernant cette visite, ne sont pas importants par leur contenu mais le sont en tant que simple communiqué, que simple déclaration. Une visite qui a eu lieu et qui mérite qu'on revienne dessus n'est pas une visite quelconque parce que l'intéressé ne l'est pas. Qu'une visite ait lieu de la part d'un personnage aussi important du Royaume, est un fait important en lui-même. Même durant les négociations sur la formation du gouvernement, El Himma n'a pas été dépêché auprès de Benkirane, justement parce que le Palais n'avait rien à dire à celui-ci, ou plutôt qu'il lui signifiait déjà, en creux, par la hiérarchie des émissaires, son prochain départ. Il n'est pas inutile non plus de rappeler que Benkirane n'avait pas été reçu quand il s'était rendu au Palais pour rendre compte de ses négociations avec les chefs de parti. Les modes de visiter et de recevoir sont donc essentiels à l'intelligence des rapports avec le Palais. Le pouvoir nourrit de l'inquiétude pour l'avenir Aussi une visite, à l'heure présente, ne peut ne pas avoir de sens, elle en a même pas mal. Elle en a parce que le gouvernement formé qui sonnait faux au départ sonne creux maintenant, elle en a parce qu'il y a les événements du Rif et parce que le pouvoir au plus haut niveau ne veut pas être isolé. Par ailleurs, Benkirane a insisté, lors de la visite des parents de Zefzafi, sur la place centrale du Roi. À supposer qu'aucun mot n'ait été échangé avec le Conseiller autour du Rif, la visite de ce dernier est pleine de sens. Elle dit d'abord qu'on ne veut pas voir Benkirane définitivement éloigné, El Othmani s'étant révélé ce qu'il est, c'est-à-dire un poids et non une locomotive. Elle dit aussi que le pouvoir nourrit de l'inquiétude pour l'avenir sans qu'on sache la nature de cette inquiétude et son terme. Les démarches d'un des plus importants personnages du Royaume ne peuvent être classés comme n'importe quels autres gestes, elles ne sont pas des démarches ordinaires, elles se savent suivies. La visite en question n'est pas seulement une visite de politesse, le Makhzen quand il excommunie, excommunie pour de bon, n'appelle plus au téléphone, les exemples sont légion. En politique, la force à elle seule ne suffit pas, il y a toujours la scène et l'arrière-scène où des tractations même symboliques peuvent avoir du sens.