Elle touche aussi bien les Marocains et les étrangers résidant au Maroc, que la diaspora du royaume : la matinale de Radio 2M, «Oui mais Non», est revenue ce matin sur la spoliation immobilière. Compte-rendu. La matinale «Oui mais Non», diffusée sur les ondes de Radio 2M en partenariat avec Yabiladi, a été consacrée ce mercredi à la spoliation immobilière, abordant notamment les «principales victimes de ce fléau» : les Marocains du monde. En effet, plusieurs MRE sont contraints de «passer leurs vacances au Maroc dans les tribunaux», en proie à la mafia immobilière qui profite de leur absence pour s'emparer de leur bien. «Ce qui rattache les nouvelles générations de MRE avec leur pays, c'est cet amour pour la patrie qui leur a été transmis par leurs parents. Or quand le droit à la propriété n'est pas respecté, c'est un véritable choc de se sentir déposséder», annonce le directeur de publication de Yabiladi, Mohamed Ezzouak. Des MRE dépossédés de leur bien immobilier Depuis 2012, Massaoud Leghlimi, avocat et membre de l'Association pour le droit et la justice au Maroc (ADJM), s'est occupé d'une quarantaine de dossiers. Il cite d'abord le cas d'une Marocaine résidant à l'étranger, qui a découvert que la maison qu'elle a achetée a été démolie puis remplacée par un immeuble. «Il s'agit d'une mafia immobilière, d'une bande organisée qui recourt à des pratiques connues de tous, y compris du roi qui a évoqué des pratiques récurrentes», dit-il. Le micro est ensuite tendu à un dénommé Fayçal, lui aussi victime de la mafia immobilière. C'est son père qui lui avait légué, ainsi qu'a sa mère, son frère et sa sœur, tous deux respectivement installés aux Etats-Unis et en Suède, deux villas lors de son décès en 1974. Il raconte avoir appris, «un 9 décembre 2011», que la villa où il est né, a grandi et où il vit toujours avec ses enfants a été visée par une modification à la conservation foncière. Pis encore : le titre foncier n'appartient plus à sa famille. «Depuis 2011, je suis dans les tribunaux [puisque] j'ai été spolié de deux villas. Pour l'une d'elles, j'ai obtenu, grâce à Dieu, un jugement définitif après le passage de l'affaire du tribunal de première instance à la cour d'appel, puis à la Cour de cassation. La semaine prochaine, je me rendrai à la 41e audience. Je ne pourrai dormir tranquille qu'après un jugement définitif (pour la deuxième villa, ndlr).» L'occasion pour Mohamed Ezzouak de rappeler une autre affaire : celle de Friekh Ben Aissa, un MRE de la région de Fès dépossédé de son bien immobilier. «Il vivait dans le sud de la France et préparait son retour au Maroc, où il s'apprêtait à prendre sa retraite. Une fois arrivé sur place, il s'est rendu compte que deux immeubles étaient en cours de construction sur son terrain.» Une nouvelle qu'il reçoit comme un choc qui lui sera fatal : Friekh Ben Aissa décède quelques jours plus tard. Ses enfants, dont certains sont des MRE, mènent aujourd'hui le combat pour que justice soit faite. Plusieurs techniques frauduleuses entreprises par la mafia La mafia immobilière recourt à un large panel de techniques frauduleuses, explique Massaoud Leghlimi, citant l'exemple d'un pharmacien casablancais spolié grâce à la falsification de sa carte d'identité nationale. Il insiste aussi sur l'implication de notaires et de fonctionnaires de la justice dans ces affaires, fustigeant au passage l'article 2 de la loi 39-08 votée en 2011, qualifié de «spoliateur» par les avocats des victimes. L'émission évoque aussi la récente sortie médiatique du nouveau ministre de la Justice, Mohamed Aujar, notamment les 57 dossiers portant sur la spoliation immobilière annoncés par son département. Un chiffre que contestent les associations, soutenues par Massaoud Leghlimi. Lui parle plutôt de «centaines» de dossiers parvenus à l'ADJM. «Oui mais Non» devrait à nouveau ouvrir cet épineux dossier lors d'une prochaine émission pour mettre à jour les multiples facettes de ce fléau, qui touche aussi bien les Marocains et les étrangers résidant au Maroc, que la diaspora du royaume. Pour écouter le replay de l'émission, cliquez ici : Article modifié le 17/05/2017 à 18h44