En Afrique du Nord, l'Algérie et le Maroc se vouent une lutte acharnée à qui sera le plus dépensier en matière de défense. L'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) a rendu public lundi dernier la carte des dépenses militaires de plusieurs pays dans le monde. Selon cette enquête, le voisin de l'Est devance largement le royaume. Détails. L'Institut international de recherche sur la paix (Sipri), basé à Stockholm, a publié lundi son rapport 2017 sur les dépenses militaires, en armes, équipements et recherches dans ce secteur. Le document dresse un tableau révélateur de l'augmentation des dépenses des différents pays, parmi lesquels le Maroc. C'est la deuxième fois depuis 2011 qu'un tel accroissement est estimé sur deux années consécutives. Ce sont les Etats-Unis qui occupent la première place dans le monde avec 611 milliards de dollars, suivis de loin par la Chine avec 215 milliards de dollars. La Russie arrive troisième avec une enveloppe budgétaire allouée aux dépenses militaires de quelque 69,2 milliards de dollars en 2016. Ainsi, dans la catégorie des dix nations les plus dépensières dans le domaine militaire et de l'armement, sont classés respectivement en marge du podium l'Arabie saoudite, l'Inde, la France, le Royaume-Uni, le Japon, l'Allemagne et la Corée du Sud. Dans le monde, les frais dans ce secteur valent quelque 1,69 trillions de dollars, soit une légère appréciation de 0,4% par rapport à 2015. Une hausse due essentiellement à l'Europe et aux Etats-Unis qui ont augmenté leurs dépenses militaires par rapport aux pays exportateurs de pétrole. Au niveau africain, une légère baisse est effective quant aux dépenses puisque celles-ci ont régressé de 1,3% par rapport à 2015, pour atteindre en 2016, 37,9 milliards de dollars. Un chiffre qui exclut l'Egypte qui, selon le rapport, est catégorisée avec les pays du Moyen-Orient. Ainsi, en Afrique, le Maroc se positionne quatrième avec 3,293 milliards de dollars, laissant le podium respectivement à l'Algérie avec un montant de 10,654 milliards de dollars,l'Egypte pour des dépenses qui s'élèvent à 4,513 milliards de dollars, tandis que l'Afrique du Sud a déboursé 3,424 milliards de dollars en armement et équipements militaires. Les dépenses militaires du royaume sont en stagnation. / Ph. Sipri Le Maroc reste modeste par rapport à l'Algérie Les dépenses marocaines restent humbles face aux dépenses algériennes. Et pour cause, l'armement coûte à l'Algérie plus du triple des dépenses du royaume. Et ce malgré la crise économique qui frappe de plein fouet le pays. En pôle position en Afrique du Nord, l'Algérie est le pays le plus dépensier de la zone, suivie de loin par le Maroc. Selon l'étude suédoise, les dépenses militaires marocaines ont atteint en 2016 plus de 3 milliards de dollars, soit plus de 25 millions de dollars par rapport à l'année précédente où le taux était évalué à 3,268 milliards de dollars. Ceci en sachant que le royaume a enregistré ses plus grosses dépenses en 2013 à hauteur de 3,570 milliards de dollars. L'Afrique dépense 37,9 milliards de dollars en armement. /Ph. Sipri Contacté par Yabiladi, Nan Tian, docteur chercheur au Sipri, explique que «le Maroc est le deuxième plus grand acheteur en Afrique du Nord, derrière l'Algérie». Et le docteur d'affirmer que «ce différentiel est en fait très important, c'est plus de trois fois la différence». Selon le spécialiste, «le Maroc, comme son voisin algérien, a connu une augmentation constante des dépenses militaires ces dernières années», se référant à l'année 2015 comme une année exceptionnelle où les dépenses ont connu une chute brutale, soit 3,268 milliards de dollars. Le chercheur a également souligné qu'«une partie du facteur de cette augmentation (l'augmentation des dépenses militaires, ndlr) a nourri les tensions existantes avec l'Algérie». Par rapport au Moyen-Orient, les dépenses militaires des pays d'Afrique du Nord sont «très inférieures à celles de l'Arabie saoudite, du Koweït et de la Turquie», a-t-il déclaré. D'après lui, les dépenses militaires sont fortement liées à la stabilité politique. «Dans de nombreux cas, il existe une corrélation directe lorsque l'augmentation de la menace perçue peut entraîner des dépenses militaires élevées. Ce serait une décision politique prise par le gouvernement afin de répondre à leur point de vue personnel sur la menace pour leur pays», a conclu M. Tian.